La création de l’École supérieure de Guerre en 1876 répond aux leçons tirées de la défaite contre la Prusse en 1871. L’École a eu pour mission de préparer les officiers à la tactique et a été ainsi un creuset de réflexion doctrinale majeur dont Foch en est un archétype. De fait, la formation dispensée par l’ESG a fortement influencé le commandement français durant la Grande Guerre.
120 ans d’École supérieure de Guerre (1/2) : 1876-1914
One Hundred and Twenty Years of the Senior War College(1/2): 1876-1914
The creation of the École supérieure de Guerre (Senior War College) in 1876 was the response to lessons learned from the defeat by Prussia in 1871. The College’s mission was to train officers in tactics: it became a melting pot of doctrinal thought, Foch being a prime example of its output. Training at the College strongly influenced French command during the Great War.
Le 14 juillet 1919, sur les quatre maréchaux ou futurs maréchaux à avoir défilé sous l’Arc de Triomphe, on dénombre trois anciens professeurs de l’École supérieure de Guerre (ESG) (1). C’est dire le poids du corps professoral de l’École dans le commandement qui en est véritablement innervé. Il est patent, qu’avant-guerre, une affectation en tant que professeur à l’École de Guerre signifiait généralement que la carrière de l’intéressé était placée sous d’heureux auspices.
La création de l’École en 1876 (2) et son installation à l’École militaire est, exactement au même titre que la création de l’état-major de l’armée, une conséquence directe de la défaite de 1871 et du redressement qui a suivi par la régénérescence de l’appareil militaire français, souvent d’ailleurs en s’inspirant largement de l’organisation prussienne (cas de la Kriegsakademie, en l’occurrence). Le premier commandant en est le général Lewal, qui, pénétré du mode de pensée positiviste de l’époque, s’efforce de définir des principes généraux en matière de tactique, à partir de l’étude de cas concrets tirés de l’histoire militaire récente, notamment des campagnes de 1870. C’est ce qu’on a appelé la « méthode des cas ». Mais, en dépit de tous ses efforts, les premières années de l’École ne voient pas apparaître immédiatement un enseignement pluridisciplinaire unifié et cohérent, de nature à fournir aux stagiaires un corps de doctrine homogène.
C’est au chef de bataillon Maillard que le mérite revient d’avoir mis sur pied un tel enseignement. Ayant combattu à Saint-Privat lors de la guerre franco-allemande, il y constate les insuffisances en mobilité de l’armée française ainsi que la déficience de son système de sûreté. Lors de la « surprise de Beaumont », prologue de la bataille de Sedan, les Prussiens ne doivent leur succès qu’au manque d’avant-garde de l’armée de Mac Mahon, tenue ainsi en complète ignorance des mouvements ennemis. Maillard est professeur de tactique d’Infanterie (3) de 1882 à 1890. Il y développe la pratique des cas concrets, chère au général Lewal, cherchant à démontrer ainsi la validité de ses constats en s’appuyant sur l’analyse critique des combats de 1870 et en les rapprochant de ce qu’il connaît de la pensée militaire napoléonienne. Il aime notamment à répéter cette citation : « La victoire revient aux armées qui manœuvrent. »
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