La crise entre l’Ukraine et la Russie a profondément atteint les trois États baltes qui considèrent que la menace russe est une réalité stratégique mettant en cause leur indépendance. De ce fait, ils sont très attentifs à renforcer la présence de l’Otan comme garantie de sécurité, quitte à agiter le chiffon rouge de manière spectaculaire.
Les relations russo-ukrainiennes : les pays baltes sonnent le tocsin
Russia-Ukraine Relations: Baltic States Sound the Alarm
The crisis between Ukraine and Russia has caused great concern in the three Baltic States, which consider Russia a genuine strategic threat to their independence. Because of that, they are very keen to strengthen the presence of NATO forces as a guarantee of security even if that means spectacular waving of a red rag to the Russian bull.
Durant l’année 2018, les trois pays baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie) ont fêté les cent ans de leur indépendance. Or, les vicissitudes historiques leur ont enseigné que, faute d’attention, cette liberté si chèrement acquise pouvait être, à tout moment, mise à mal par la prédation de la Russie, pays avec lequel ils continuent inlassablement à croiser le fer. Profondément ancré dans la mémoire collective et habilement entretenu par les responsables politiques baltes, le souvenir de l’attaque russe de 1940 et de l’annexion à l’Union soviétique qui en avait suivi, reste une référence constante dans la rhétorique de la politique étrangère des trois pays pour mieux appuyer leur solidarité avec les autres anciennes républiques soviétiques en état de belligérance avec la Russie et cela quelle que soit la forme du conflit ; chaque fois, les Baltes y voient une illustration supplémentaire de l’impérialisme russe à l’œuvre contre une volonté d’émancipation nationale dont ces pays sont régulièrement la victime comme leur pays de 1940 le fut de sa variante soviétique.
Certes, désormais membres de l’Union européenne (UE) et de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (Otan) depuis 2004, les trois pays baltes ont inscrit leur sécurité dans le marbre des structures euro-atlantiques. Ils restent, cependant, profondément vigilants contre une résurgence de la menace russe. Cette perception du danger fut particulièrement exacerbée lors de la crise ukrainienne de 2013-2014 et de l’annexion de la Crimée qui en avait suivi. Le conflit récent russo-ukrainien en mer d’Azov qui a vu une confrontation entre la marine de Kiev et celle de Moscou a amplifié cette angoisse, largement exploitée en appuyant sur la corde sensible du nationalisme pour mieux cautionner les mesures de réassurance (Enhanced Forward Presence) décidées lors du Sommet de Varsovie (juillet 2016). Il y avait été décidé d’envoyer quatre bataillons alliés qui devaient régulièrement s’entraîner sur les pays baltes. Ce programme qui devait venir en complément du plan d’action « réactivité » adopté lors du Sommet de l’Otan de Newport en 2014, lequel contenait un ensemble de mesures de réassurance des pays membres de l’Alliance en Europe centrale et orientale qui visaient à renforcer leur défense, fut habillé d’un discours sur la « défense et la dissuasion » pour ne pas provoquer la Russie tout en démontrant à cette dernière que l’Otan entendait bien remplir sa fonction première de défense collective.
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