Arnaud Beltrame, Gendarme de France
Arnaud Beltrame, Gendarme de France
La mort en service le 23 mars 2018 du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame lors d’une attaque terroriste conduite par un franco-marocain islamiste a suscité une très vive émotion, non seulement en France mais aussi à l’étranger. Le déroulement des faits dans une petite ville aux périphéries de Carcassonne, Trèbes, a bouleversé l’opinion publique. Même dans un département à dominante rurale, la folie meurtrière d’un djihadiste a pu tuer et plonger le pays dans la terreur. Mais en prenant le risque de se substituer à une caissière du magasin Super U, prise en otage, Arnaud Beltrame a fait basculer l’acte terroriste. Il y meurt en héros tandis que le tueur est abattu par les gendarmes. L’héroïsme redevient une vertu française, après avoir été tant dénigré pendant des années d’antimilitarisme primaire où les notions de servir, patrie, courage, liberté, obéir avaient été galvaudées et méprisées par une certaine intelligentsia trop longtemps complaisante avec les terrorismes issus de l’extrême gauche.
L’hommage national rendu aux Invalides a ainsi démontré combien le geste du gendarme avait eu un ressenti extraordinaire au-delà des sphères habituelles des Corps en uniforme, hélas trop familiers des honneurs funèbres.
D’où l’engagement autour de la figure du gendarme disparu et son héroïsation rapide, parfois très hagiographique. C’est le mérite du livre de l’historien Christophe Carichon qui retrace ainsi le parcours d’Arnaud Beltrame dans sa richesse mais aussi sa complexité avec quelques échecs qu’il sut surmonter car il avait toujours à coeur de servir son pays.
Son histoire familiale n’a pas été simple avec des blessures intimes. Issu d’une famille de militaires, il échoua au concours de Saint-Cyr, l’obligeant à passer par les EOR dans l’artillerie. Un premier parcours dans différents régiments de l’Armée de terre puis le concours de l’EMIA lui permettront de devenir officier de Gendarmerie, après le passage à l’EOGN de Melun et d’enchaîner affectations et opérations avec, à chaque fois, une exigence individuelle et collective impressionnante. Il faut souligner en particulier son temps de commandement d’une compagnie à Avranches, au coeur du bocage normand, l’amenant au contact de la population, qu’il quittera à regret pour un poste en état-major afin d’aborder sa seconde partie de carrière en tant qu’officier supérieur.
L’auteur retrace également le parcours spirituel et intellectuel d’Arnaud Beltrame qui l’a amené d’abord à la franc-maçonnerie puis à un engagement chrétien très fort, au contact de sa future épouse. Cette dimension est essentielle et a structuré l’officier dans sa pensée et sa vocation. Sa quête d’absolu s’est ainsi à la fois apaisée au côté de Marielle, une jeune vétérinaire qu’il a rencontrée à l’automne 2015 et qu’il épouse civilement à l’été 2016.
L’auteur retrace bien évidemment l’attentat en rappelant le parcours meurtrier du terroriste radicalisé, parcours qui a à peine duré quatre heures mais qui l’a conduit à abattre, de sang-froid, trois autres personnes dans le supermarché de Trèbes et d’en blesser plusieurs dont des CRS en séance de sport. En se substituant à une otage, l’officier de Gendarmerie connaissait le risque encouru mais cet acte – presque instinctif – était la résultante de tout ce qu’il avait fait depuis son choix de porter l’uniforme et de servir son pays.
Témérité, imprudence ou abnégation… De fait, son geste courageux – et hélas fatal – a donné une dimension incroyable à ce triste attentat en rappelant à l’opinion publique que le courage est une vertu positive et indispensable de nos jours, dans une société où le terrorisme d’inspiration djihadiste n’est que barbarie, mensonge et négation de l’Homme. Par son geste, Arnaud Beltrame a en fait donné une leçon de vie, mais aussi montrer ce qu’est un officier avec son identité et ses valeurs, aujourd’hui.
Sa postérité est effectivement méritée et dépasse l’homme qu’il était, pour en quelque sorte symboliser le soldat français, héros d’hier et du temps présent même si la plupart resteront anonymes. ♦