Traditionnellement réservée à quelques grands noms de la stratégie navale comme Mahan, Corbett ou Castex, la notion de puissance maritime reste peu connue et difficile à appréhender. Le mérite de Yan Giron est de revisiter le concept historique, en associant directement cette « puissance » à la faculté d’agir sur les océans et en refusant d’emblée la simple projection en mer d’une géopolitique terrestre.

Convaincu de l’importance primordiale et grandissante des océans pour l’avenir de l’humanité, dans une perspective globale de « croissance bleue », il préconise un « but final recherché » qui serait une exploitation durable des ressources de la mer, rendue possible par l’instauration de « règles transparentes reconnues par tous ». Il invite à utiliser ce nouveau concept de puissance maritime pour en faire un outil méthodologique fonctionnel au service de cette finalité stratégique sociétale.

À côté des acteurs historiques que sont les États/pouvoir exécutif et les sociétés privées/pouvoir capitaliste, qui disposent aujourd’hui des leviers réels de la puissance maritime, il souhaite imposer un troisième partenaire pour fonder un triangle équilibré : le « peuple » ou le « citoyen », qui détient légitimement les droits du « propriétaire » alors que les deux premiers ne sont que des gestionnaires.

Yan Giron explicite les espaces particuliers dans lesquels s’exerce la puissance maritime et dans lesquels se développent assez naturellement des conflictualités d’usage plus ou moins légitimes et violentes. Il les nomme « les arènes de la puissance » et dénonce la politique qui consiste à soutenir la puissance maritime par la (seule) puissance navale, notamment dans certaines « zones grises ».

En guise de conclusion de cet essai original et inédit, le lecteur sera intéressé par l’expérience personnelle de Yan Giron, notamment dans le domaine de la pêche, tel qu’il l’expose in fine de son ouvrage. ♦