L'Armée de l'air est le principal utilisateur de matériel aérien militaire, avec 450 avions de combat, dont les missions sont très diverses et posent d'importants et difficiles problèmes à la fois opérationnels, techniques et financiers. L'auteur, Chef d'état-major de l'Armée de l'air (CEMAA), a bien voulu ouvrir par cet article ce numéro spécial que nous consacrons à l'industrie aéronautique, avant que ne commence le traditionnel Salon du Bourget.
Réflexions sur les programmes aéronautiques de l'Armée de l'air
Le nom donné au futur avion de combat de l’armée de l’air est révélateur d’un facteur fondamental actuellement dans la réalisation de tout matériel aéronautique majeur : le temps. L’an 2000 peut paraître un terme lointain, mais des unités de l’armée de l’air seront vraisemblablement équipées de Mirage 2000 pour encore nombre d’années après cette date alors que les premières études auront commencé en 1975 !
Polyvalence
La première conséquence de cette notion de temps est l’intérêt de fabriquer un matériel polyvalent. En effet, l’emploi d’un avion ne peut pas être prévu avec certitude vingt ans à l’avance. Trop d’éléments sont susceptibles de changer pour que l’on puisse en figer avec précision l’utilisation sur une telle période. Il convient donc de prévoir une certaine « capacité de polyvalence ». Cela ne simplifie pas les choix techniques, car alors s’impose la recherche de compromis entre des paramètres souvent divergents, par exemple une charge alaire faible pour un chasseur de supériorité aérienne opposée à une charge alaire plus élevée pour un avion de pénétration basse altitude. La véritable difficulté est de ne pas payer cette polyvalence par une complexité trop grande du matériel et, en conséquence, un coût trop élevé.
Sous l’aspect emploi opérationnel, à un instant donné, la polyvalence est aussi très souhaitable et doit être recherchée, tout au moins pour les armées de l’air de taille moyenne. Le nombre des avions de combat de l’armée de l’air est de quatre cent cinquante, chiffre maintenant bien connu. Il est évident que pour répondre aux différentes missions susceptibles d’être demandées à l’armée de l’air, et qui vont de la défense aérienne de l’ensemble du territoire national à la couverture et l’appui des forces terrestres, il y a tout intérêt à pouvoir « balancer » le maximum de ces quatre cent cinquante avions sur telle ou telle mission jugée prioritaire à un instant donné. La souplesse d’emploi d’une force aérienne de ce niveau passe par la polyvalence d’une partie suffisante de son parc aérien. C’est ainsi que tous les Jaguar sont équipés de caméras, que tous les Mirage III C et F. 1 de la défense aérienne sont capables de tirer la plupart des armements air-sol en dotation, etc. Mais là encore des compromis sont nécessaires, la polyvalence ne devant pas conduire à une moindre qualité opérationnelle dans l’accomplissement d’une mission principale assignée.
Il reste 79 % de l'article à lire
Plan de l'article