Certains indices laissent à penser que le Levant pourrait sortir de la crise ouverte où il est plongé depuis des années. Les acteurs régionaux et internationaux ont avancé leurs pions sur cet échiquier complexe. De multiples paramètres influent sur les choix stratégiques avec, en tout cas, une marginalisation irréversible de l’Europe, la Russie étant la grande gagnante de ce puzzle.
Quelle sortie de crise au Levant ?
What Solution to the Crisis in the Levant?
There are indications that the Levant could be making its way out of the crisis in which it has been drowning for many years. Regional and international players have been moving their pawns about this complex chessboard, yet there are many matters that influence strategic decisions including the irreversible marginalisation of Europe to the benefit of Russia, the main winner of the game.
Alors que Daech semble acculé à une stratégie souterraine et que se profile la bataille d’Idlib à la frontière turco-syrienne, l’attention des médias, des experts comme des « stratégistes » semble se tourner davantage vers le golfe Persique, pointant les risques de confrontation directe entre l’Iran et les États-Unis.
Mis à part la rébellion qui sévit au Sinaï et les risques de nouvelle Intifada en Israël, le seul foyer de confrontation au Levant reste aujourd’hui lié aux conséquences de la guerre civile syrienne et de la lutte contre l’islamisme radical qui se déploie sur le continuum Syrie-Irak. Malgré les communiqués optimistes de la Maison-Blanche et du Kremlin, la menace djihadiste sunnite est loin d’être écartée du Levant. Elle est en train de muter de manière souterraine, espérant le bon moment pour ressortir à la surface, ici ou là, investissant en attendant l’espace cybernétique de manière à retourner l’esprit de segments croissants de populations locales frustrées par l’absence de perspectives économiques, politiques et sociétales. Certains facteurs laissent pourtant entrapercevoir la stabilisation possible de cette région. Tout d’abord, la fatigue des combattants comme des opinions publiques lasses de soutenir des causes dont elles ne perçoivent plus les ressorts rouillés les uns après les autres. Ensuite, la volonté apparente des États-Unis et de la Russie de tracer de nouvelles lignes de partage d’influence au Moyen-Orient, tout en empêchant une conflagration régionale dont Washington et Moscou sortiraient perdants. Autre élément d’optimisme, la Chine, longtemps en embuscade, a besoin de stabilité pour investir massivement dans la région dans le cadre de ses nouvelles routes de la soie terrestres et maritimes pour mieux projeter son influence en direction de l’Europe, de la Méditerranée et de l’Afrique du Nord. Enfin, la reprise en main de l’essentiel de la Syrie par le régime alaouite et ses alliés russes et iraniens laisse présager une fin prochaine de l’imbroglio syrien. À cet égard, la guerre civile qui a ravagé la Syrie présente bien des similitudes avec celle qui a ensanglanté l’Espagne à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Le conflit s’est rapidement internationalisé autour d’agendas idéologiques contradictoires. Les principaux acteurs globaux ou régionaux s’y sont engagés pour tenter d’influencer son déroulement dans un sens favorable à leurs intérêts. Certains ont beaucoup perdu (l’Europe et les monarchies du Golfe) et sont obligés de revoir leur stratégie.
D’autres ont atteint l’essentiel de leurs objectifs et ont désormais intérêt à stabiliser la Syrie, pour sécuriser leurs gains et les faire fructifier.
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