Les initiatives de sécurité au Maghreb et au Sahel – Le G5 Sahel mis à l’épreuve
Les initiatives de sécurité au Maghreb et au Sahel – Le G5 Sahel mis à l’épreuve
L’espace maghrébo-sahélien constitue le continuum sécuritaire des deux rives de la Méditerranée. Sa sécurisation est donc cruciale, mais problématique. C’est ce que démontre avec talent Abdennour Benantar, maître de conférences à l’université Paris 8 et chercheur associé à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), dans cet essai dense qui participe au débat stratégique sur les enjeux de la bande sahélo-saharienne. Abdennour Benantar n’en est pas à son coup d’essai, il a déjà publié deux ouvrages remarqués : La sécurité en Méditerranée occidentale et Le Moyen-Orient en quête d’un ordre régional (1945-2010), tous deux parus chez L’Harmattan en 2015.
Cette fois, l’auteur explore les confins sahélo-sahariens pour le plus grand intérêt des lecteurs. En onze chapitres à la fois chronologiques et thématiques, il brosse le contexte sécuritaire qui prévaut dans cette vaste région, rappelant les effets néfastes de la désintégration de la Libye. Il montre que la prolifération d’initiatives régionales de sécurité soulève davantage de problèmes qu’elle n’en résout, générant des tensions et alimentant de vieilles rivalités entre acteurs locaux. Pour lui, l’enjeu majeur consiste aujourd’hui à coordonner l’ensemble de ces initiatives, tout en s’attaquant aux vrais problèmes de cette vaste région qui restent, selon lui, principalement socio-économiques et politiques. Le recours à la force, à la militarisation et à la lutte antiterroriste n’est qu’un outil pour apaiser cette vaste crise polymorphe, mais si rien n’est fait pour traiter ses véritables causes, ces efforts sont voués à l’échec.
Après s’être intéressé aux mécanismes de médiation dans la crise libyenne, l’auteur consacre l’essentiel de son ouvrage à décortiquer les mécanismes du G5 Sahel qui regroupe le Mali, la Mauritanie, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad. Il souligne le soutien français, les réticences américaines et africaines, de même que la méfiance de l’Algérie et du Maroc pour une fois unis sur un dossier. Il démontre les écueils auxquels se heurte cette initiative (manque de financement, capacités opérationnelles réduites, dépendance vis-à-vis de l’extérieur, primauté du volet militaro-sécuritaire sur le volet développement, rivalités régionales). Sa conclusion est sans appel : la survie du G5 Sahel dépend aujourd’hui bien plus du niveau d’engagement des acteurs extérieurs que de l’implication de ses propres États-membres.
Un ouvrage indispensable pour tous ceux qui s’intéressent à la sécurisation de la BSS. ♦