Les technologies de renseignement sont en retard en France pour de nombreuses raisons économiques et politiques, offrant le champ libre aux produits américains. Il est urgent d’avoir une nouvelle approche plus innovante et performante. Il y va de notre souveraineté technologique.
Les technologies de renseignement en France : à la recherche d’un modèle de développement
Intelligence Technologies in France: in Search of a Development Model
Intelligence technologies have fallen behind in France for a number of economic and political reasons, which in turn has left the field open to American products. We urgently need a new, more innovative and effective approach: our technological independence relies on it.
La signature d’un contrat en 2016 entre la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et la firme d’analyse de données Palantir, proche de la CIA, a interrogé et provoqué une vive polémique sur le retard de la France dans le domaine des technologies de renseignement. Dans ce contexte, services de renseignement et acteurs institutionnels s’accordent sur l’urgence de promouvoir des acteurs nationaux crédibles dans le domaine du big data à des fins de renseignement. L’objectif de l’article est d’analyser les obstacles qui se posent à l’émergence d’un Palantir à la française.
Une riposte à Palantir en ordre dispersé
Il serait faux de dire que la conclusion du contrat de la DGSI avec Palantir en 2016 a suscité une prise de conscience sur le retard technologique de la France. Cette prise de conscience a eu lieu bien avant. La DGSI était en effet en recherche d’un outil adapté à l’analyse des données en masse avant novembre 2015. Démarchée par des entreprises israéliennes au lendemain des attentats terroristes, la DGSI a fini par jeter son dévolu sur Palantir qu’elle a jugé comme l’outil le plus adapté à ses besoins de traitement ; le marché français, sondé de longue date, n’offrant aucun équivalent à l’américain. C’est un choix technique que les analystes de la DGSI ne semblent pas regretter aujourd’hui. Les conséquences politiques du contrat sont, elles, toutes autres en revanche.
L’arrivée d’un acteur aussi sensible que Palantir au cœur du dispositif du renseignement intérieur français a légitimement entraîné une réaction inquiète de la part des acteurs institutionnels et des services de renseignement, tous dénonçant un abandon de souveraineté, et tous s’accordant sur la nécessité d’engager la contre-offensive et de porter une offre française alternative.
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