Le quarantième anniversaire du premier tir d’une fusée Ariane permet de rappeler le processus initié aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale amenant la France puis l’Europe à l’autonomie spatiale. Ces efforts – inscrits dans la durée – doivent être poursuivis.
Quarante ans d’Ariane
Ariane at Forty
The fortieth anniversary of the first firing of the Ariane rocket is the occasion to look back to the process that began not long after the Second World War that led France and, later, Europe towards independence in space. These long-term efforts need to be continued.
Le 24 décembre 1979, à 17 h 14 min 38 s TU, la première fusée Ariane 1 décollait du Centre spatial guyanais (CSG) de Kourou, ouvrant une aventure toujours en cours. Quarante ans d’un parcours exceptionnel, mais qui n’a pas été un long fleuve tranquille. D’emblée, il faut rappeler le rôle central de la France qui a su imposer ce projet à des partenaires européens au départ peu enthousiastes et ayant du mal à comprendre le besoin d’un accès autonome à l’espace. Cette dimension géopolitique soutenue par Paris reste aujourd’hui plus que d’actualité avec l’émergence du New Space et le succès de nouveaux compétiteurs comme Space X d’Elon Musk, Blue Origin de Jeff Bezos ou la Chine.
Ce tir de 1979 a marqué à la fois une étape décisive pour l’Europe spatiale, mais aussi le début d’une histoire vertueuse qu’il convient de consolider pour préparer l’avenir.
Retour vers le passé
Indirectement, Ariane est la résultante directe des efforts français issus de la Seconde Guerre mondiale. Dès 1945, à une échelle bien plus réduite que les États-Unis et l’URSS, la France va récupérer des ingénieurs allemands et se doter de premières structures comme le Laboratoire de recherches balistiques et aérodynamiques (LRBA) de Vernon ou l’Office national d’études et de recherches aérospatiales (Onera) créé en 1946 pour explorer un nouveau domaine, celui des missiles puis des fusées. Au début, le développement d’engins-fusées est vu sous des approches différentes, celle des militaires pour obtenir des missiles, et les scientifiques visant à explorer la haute atmosphère. Les efforts furent à la fois dispersés entre différents organismes, mais permirent d’acquérir un socle de compétences et de technologies qui vont rapidement déboucher. La crise de Suez, en 1956, va accélérer les travaux dans le but de disposer de missiles balistiques. Ceux-ci aboutiront aux missiles mer-sol balistiques stratégiques (MSBS) des SNLE et aux sol-sol balistiques stratégiques (SSBS) du plateau d’Albion à partir de 1971, bénéficiant des fusées des séries dites « pierres précieuses ».
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