La guerre influença profondément l’histoire de la Révolution française. Elle emporta la royauté de l'époque comme la république girondine, et elle permit l’instauration de la Terreur par les Montagnards. Justifiant la dictature jacobine, elle favorisa ensuite l’ascension du général Bonaparte sur les décombres d’un Directoire discrédité notamment par ses échecs militaires. Instauré en mai 1804, l’empire préservait les principaux acquis de la Révolution, mais il en héritait aussi la guerre perpétuelle. L’armée fut donc un acteur politique de tout premier plan dans cette période charnière de l’histoire.

Vingt-cinq années de guerres révolutionnaires puis impériales sont présentées pour la première fois dans un ouvrage unique, qui retrace chronologiquement le cheminement d’une armée française combattant d’abord selon les schémas issus de l’Ancien Régime, puis qui se professionnalise rapidement en inventant de nouveaux modes d’action, jusqu’à devenir une redoutable et énorme machine de guerre aux mains de l’empereur Napoléon.

Après de longues années de quasi-invulnérabilité, scandées par des victoires éclatantes jusqu’en 1808, elle entra dans une période de revers, minée d’un côté par l’interminable guerre d’Espagne, et par ailleurs confrontée en Europe centrale à des élongations et des masses armées de plus en plus considérables. Les campagnes de Russie, puis d’Allemagne et enfin de France mettent un terme à cette incroyable épopée.

Le général Jean-Marc Marill nous conduit au cœur même de l’action militaire, y compris navale, avec ses ressorts stratégiques, ses manœuvres tactiques, ses restructurations et ses évolutions au fil du temps. Les noms des grands généraux reviennent naturellement au premier rang pour conduire les troupes, mais le soldat est là, omniprésent, républicain puis impérial, qui écrit sur les champs de bataille l’histoire de la France.

L’ouvrage est bien écrit, présenté avec une riche bibliographie et un index bien utile. Il aurait sans doute mérité encore quelques cartes supplémentaires pour le lecteur qui ne maîtrise pas dans le détail toute la géographie de l’Europe.  ♦