L’auteur nous livre une réflexion générale sur les notions de guerre, de stratégie et de puissance, et sur les rapports complexes qu’ils entretiennent au début du XXIe siècle. À la lumière des engagements récents de la France, il les réinterprète en montrant combien la combinatoire actuelle requiert le sens du bon voisinage, la volonté d’équilibre et de compromis pour préserver ce qu’il ne nomme pas, mais qui est au cœur de l’identité, la liberté de choisir son propre destin.
Texte paru pour la première fois dans le n° 289 de la RDN, en octobre 2011.
War, Strategy, Power
[RDN No 743, October 2011] The author takes a broad look at the notions of war, strategy and power, and at their complex relationships at the beginning of the twenty-first century. He reassesses them in the light of recent French commitments by showing the degree to which their current state requires a sense of good neighbourliness, a will to arrive at an equitable balance, and a will to compromise in order to preserve what is at the heart of identity, although he does not name it as such—the freedom to choose one’s own destiny.
Guerre
La guerre est-elle morte ou en voie de résurrection ? Absente ou présente ? On ne peut que répondre à chacune de ces questions : « Les deux, mon capitaine ! ». Jamais la formule de Clausewitz, « La guerre est un caméléon qui change de nature à chaque engagement », n’a été aussi vraie.
Il y a une guerre qui est certainement morte, c’est celle qui commence par une déclaration de guerre d’un État contre l’autre et finit par un traité de paix. Une autre est difficilement pensable, bien que l’affirmer écartée pour toujours contribuerait à la rendre moins complètement improbable, c’est la Troisième Guerre mondiale, dont la crainte a dominé la guerre froide et, encore plus, une guerre entre États occidentaux. On n’imagine ni l’une ni l’autre déclenchée de sang-froid par un « Pearl Harbor » atomique.