Après un rappel historico-politique, l’auteur expose la complexité et la relativité actuelles, plus grandes qu’à d’autres époques, des notions d’équilibre et de supériorité stratégiques. Il montre comment l’ambiguïté ou la précarité des équilibres conditionnent cette supériorité et imposent le recours à une stratégie vraiment totale, embrassant le long terme et s’appuyant sur une vision globale des réalités du monde.
Texte paru pour la première fois dans le n° 289 de la RDN, en juin 2014.
Remarks on Some Concepts
[RDN n° 771, June 2014] Following a historical-political reminder, the author expands upon today’s greater than ever complexity and relativity of notions of balance and strategic superiority. He shows how ambiguity and insecurity in balances is conditioning such superiority and necessarily leading to a total strategy to cover the long term that draws on an overall vision of the realities of the world.
La nouvelle donne
Ce qui caractérise la situation présente du point de vue des conflits en cours et de leurs perspectives à plus long terme, c’est la combinaison de dimensions que l’on aurait spontanément tendance à ne concevoir que séparément, dans l’espace et dans le temps.
D’un côté, on assiste à une imbrication croissante des conflits intérieurs, locaux, régionaux, transnationaux et globaux. La tragédie syrienne en constitue l’exemple parfait, comme la guerre d’Espagne à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Ainsi la globalisation et les réactions de clôture qu’elle suscite à la fois vont de pair, comme le remarquait Philippe Errera, avec une fragmentation du champ diplomatico-stratégique et une contagion qui tend à modifier profondément la notion de théâtre d’opérations.