Dans le cadre de l’opération Barkhane, le stationnement est un sujet particulièrement complexe compte tenu de l’environnement et des contraintes logistiques imposées par les élongations. Cela signifie le besoin d’anticiper sur les besoins et les délais pour pouvoir répondre aux nécessités opérationnelles.
Bâtir en opération extérieure : un état des lieux du stationnement de l’opération Barkhane
Construction on Overseas Operations: a Review of Stationing Issues for Operation Barkhane
Within the framework of Operation Barkhane stationing has become a particularly complex matter, given the environment and the logistic constraints imposed by the stresses and strains of the mission. Hence the need to anticipate requirements and timescales in order to respond to operational needs.
Dans son rapport final de mars 2020, le « groupe de travail énergie », missionné par la ministre des Armées, Florence Parly, pour réfléchir à une stratégie énergétique de défense, propose notamment de généraliser le concept d’Éco-camp, avec pour objectif l’expérimentation en opération extérieure, à partir de 2023, d’un camp autonome en eau et en énergie. Parallèlement, à partir de l’été 2020, des travaux ont été lancés sur la base opérationnelle avancée de Ménaka au Mali en vue d’y installer la Task Force européenne Takuba. Ces deux actualités offrent une excellente entrée en matière sur les problématiques d’infrastructure en opération extérieure, plus particulièrement sur l’opération Barkhane.
Le terme générique d’« infrastructure », c’est-à-dire l’ensemble des installations horizontales et verticales construites, se présente, en opération extérieure, sous trois statuts que la doctrine (1) différencie clairement, même si la réalité est souvent moins tranchée : le déploiement, le stationnement et le désengagement. Pour chacune de ces trois phases, le génie interarmées et le Service d’infrastructure de la défense (SID) interviennent soit en menant l’action, soit en y concourant. Nous nous arrêterons dans la suite de cet article uniquement sur la phase de stationnement, dont la responsabilité revient au SID. Elle est mise en œuvre sur déci sion du commandement et qualifie une phase de stabilité, illustrée par la conception d’un schéma directeur pluriannuel de travaux et donc de construction dans la durée, de solutions d’hébergement, de fourniture d’énergie ou encore de gestion de l’eau.
L’opération Barkhane déploie actuellement plus de 5 000 hommes dans la bande sahélo-saharienne dans trois pays, sur plus d’une dizaine de sites en stationnement dont les trois principaux sont les suivants : les bases aériennes de N’Djamena au Tchad et Niamey au Niger et la plateforme opérationnelle désert (PfOD) de Gao au Mali. Plusieurs sites secondaires sont actuellement occupés, sous différentes appellations : plateformes relais désert (PfDR) de Kidal, Tessalit et Tombouctou au Mali, camps de Faya-Largeau et Abéché au Tchad ou Aguelal au Niger, ou encore bases opérationnelles avancées (BOA) de Gossi ou Ménaka au Mali.
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