La guerre reste une réalité humaine intangible. Ce fait nous oblige à nous y préparer avec lucidité. C’est-à-dire en considérant le conflit symétrique majeur où le choc des volontés restera l’élément décisif. Cela implique de disposer des facteurs de supériorité en préparant la guerre du futur et non celle d’hier.
Retour vers le futur de la guerre : quels facteurs de supériorité pour demain ?
Return to the Future of War: What are Tomorrow’s Factors for Superiority?
War remains an intangible human reality, which compels us to prepare for it with clarity. This means we need to consider a major symmetrical conflict in which the battle of wills remains the decisive element. It implies also the need to possess factors that offer superiority by preparing for the war of the future and not for that of today.
Réfléchir au futur est un exercice périlleux. Il oblige à des paris sur l’avenir dont il est n’est jamais sûr qu’ils soient gagnants. Pourtant, s’agissant de la guerre, cette gageure est moins hasardeuse qu’elle n’y paraît. En effet, la guerre présente par sa nature un caractère immuable qui rend plus aisée l’étude de son avenir. Pour s’en convaincre, il faut revenir à la définition de ce qu’elle est : l’emploi d’une violence la plus organisée et la plus raisonnée possible pour répondre à un ou plusieurs objectifs politiques. C’est bien la définition qu’en donne Clausewitz : « La guerre est un acte de violence destiné à contraindre l’adversaire à exécuter notre volonté (1). » De la bataille de Qadesh, première grande bataille connue de l’histoire de l’humanité qui eut lieu aux environs de 1274 avant Jésus-Christ, aux conflits actuels, les guerres ont systématiquement consisté en cette opposition de forces antagonistes qui faisait dire au grand penseur prussien que « la guerre n’est rien d’autre qu’un duel à une plus vaste échelle (2) ».
Fort de ce constat, on peut d’ores et déjà affirmer, sans grand risque de se tromper, que la guerre au XXIe siècle – et dans les siècles suivants – continuera d’être ce duel à grande échelle de forces antagonistes. Si ça n’était pas le cas, la guerre ne serait tout simplement plus la guerre, ce qui signifierait que les hommes auraient trouvé d’autres moyens que le recours à la violence pour trancher certains de leurs différends politiques. L’humanité aurait alors fait un pas décisif sur la voie d’une sagesse que l’on serait tenté de qualifier de « surhumaniste » tant elle semble encore inaccessible. Le temps des dividendes de la paix serait enfin venu… après s’être fait attendre pendant plus de trois mille ans.
Si l’on considère cette dimension immuable de la guerre, les facteurs de supériorité dans les guerres futures devront rester identiques à ceux des conflits passés et actuels. Ils permettront à nos armées de continuer à surmonter toutes les difficultés inhérentes à ce que Clausewitz appelait « la nature objective de la guerre » – l’incertitude, le hasard, le danger, la haine, qui montrent la prééminence de la dimension humaine dans tout conflit, quelle que soit son époque. On comprend alors combien l’étude des guerres passées est importante pour comprendre celles de l’avenir.
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