Le combat urbain de demain va obliger à l’emploi accru de robots terrestres. Ceux-ci permettront d’élargir le champ des possibles, tout en préservant la vie des soldats. Les règles d’engagements de ces nouveaux moyens devront s’inscrire dans une réflexion éthique déjà bien avancée.
Robots terrestres et combat urbain : quelle dimension éthique ?
Ground Robots and Urban Combat: the Ethical Dimension?
Future urban combat will necessitate increased use of robots on the ground. They will allow a broader field of possibilities whilst saving soldiers’ lives. The rules of engagement of these new devices have to be drawn up within an ethical framework, consideration of which is well advanced.
La majeure partie de la population mondiale est désormais urbaine. Logiquement, les combats des guerres actuelles se déroulent le plus souvent dans les villes ou à la périphérie des villes. Les conflits récents et actuels l’ont amplement démontré : que l’on songe aux combats en Irak contre l’État islamique, en Syrie ou au Yémen, les villes constituent des objectifs essentiels des parties en présence. Les combats y sont très violents et suscitent des destructions abondantes, notamment par des tirs d’appui à distance (artillerie, appui air-sol). On y verra de plus en plus de robots terrestres. Outre les questions d’emploi, cela pose des questions éthiques que cet article propose de décrire.
Le dilemme du combat urbain
Un contrôle effectif de la ville nécessite toujours l’envoi de combattants à pied pour vérifier, maison par maison, le retrait de l’ennemi, mais aussi la prise en compte des civils qui s’y sont retrouvés piégés. Or, cette manœuvre est toujours extrêmement compliquée puisque les défenseurs ont souvent organisé le terrain, que ce soit par des positions de tir camouflées, des mines et pièges ou encore des passages creusés entre les maisons ou par des souterrains. À ces dangers dus au combat s’ajoute le risque de structures urbaines abîmées et pouvant s’écrouler à tout moment.
Pour un commandant de force chargé d’investir une ville, la manœuvre est donc extrêmement compliquée et il devra arbitrer entre une double préoccupation : celle de réduire au minimum ses pertes et celle de progresser suffisamment vite pour prendre effectivement le contrôle de la cité. Accessoirement, il cherchera à discriminer les populations présentes dans les quartiers qu’il recouvre, devant faire le tri entre des civils et des combattants, alors que l’on observe dans les guerres contemporaines une hybridation des deux : en conflit irrégulier, le partisan cherchera à se fondre le plus possible dans la population, et la ville constitue pour lui un territoire de choix pour cette hybridation. Autrement dit, le chef militaire sera confronté à un double dilemme : entre la lenteur et la vitesse, entre la prudence et l’efficacité.
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