Les républiques d’Asie centrale, issues de la dislocation de l’URSS, après des années de méfiance réciproque, ont entamé un rapprochement prudent. Le volet sécurité a été délégué à Moscou, trop heureux de pouvoir rejouer un rôle, et le volet économique à Pékin, dont les moyens financiers sont particulièrement importants. Par contre, une intégration régionale semble désormais oubliée.
Coopération régionale entre les républiques d’Asie centrale : état des lieux et perspectives
Regional Cooperation Between the Republics of Central Asia: Overview and Perspective
After years of mutual mistrust the republics of Central Asia formed from the collapse of the USSR have begun prudent rapprochement. Security matters have been delegated to Moscow—delighted to be able to play a role again—and economic matters to Beijing, whose financial weight is substantial. On the other hand, regional integration seems to have been forgotten.
Nonobstant l’indéniable réchauffement des relations entre les cinq républiques centrasiatiques, il n’est pas réaliste d’envisager aujourd’hui une véritable intégration régionale et l’avènement d’une association des États de l’Asie centrale du type ASEAN (1). Cela eût été possible vers le milieu des années 1990, quand les grandes puissances comme la Chine, la Russie ou les États-Unis n’avaient pas encore jeté leur dévolu sur cette région du monde. À défaut, ces républiques auront tout intérêt à poursuivre sur la voie ouverte en 2016, car il reste de nombreux problèmes à régler.
Un réel réchauffement des relations interétatiques
En Asie centrale, si les experts de l’environnement s’alarment à juste titre du réchauffement climatique, qui inexorablement grignote depuis des années les glaciers des monts Tian Shan, en revanche les spécialistes de la géopolitique se réjouissent du réchauffement des relations entre les cinq républiques de cette région. Cette embellie, observée depuis la fin de l’année 2016, touche toutes les sphères de la vie publique, comme le démontrent maints événements majeurs survenus ces derniers mois.
Dans le domaine diplomatique, le Sommet des chefs d’État d’Asie centrale de 2018 est à mettre en exergue, puisqu’il faut remonter à 2009 pour trouver trace d’un précédent Sommet (2). Programmé très symboliquement à la veille de la fête de Navrouz, qui marque la renaissance de la nature, la purification des esprits, la fraternité et la solidarité retrouvées, ce meeting a rassemblé les Présidents kazakh, kirghize, ouzbek et tadjik ainsi que la présidente du parlement turkmène (3). Lors de ces retrouvailles, au cours desquelles tous ont rivalisé de longues embrassades et de poignées de mains chaleureuses, les leaders régionaux ont abordé les questions de sécurité, de gestion des ressources en eau, de délimitation des frontières, sans pour autant dépasser le stade des déclarations de bonnes intentions. Cependant, tous ont convenu de la nécessité d’une réunion annuelle pour surmonter les difficultés communes.
Il reste 90 % de l'article à lire
Plan de l'article