Les progrès technologiques, biologiques et génétiques peuvent modifier et améliorer les performances de l’individu et du soldat. L’idée du « soldat augmenté » est un sujet de recherches, mais aussi de réflexions éthiques. Si le ministère des Armées y travaille, il s’est imposé un cadre juridique et légal rigoureux.
Quelles limites éthiques à l’augmentation du combattant ?
What are the Ethical Limits to Enhancement of the Combatant?
Technological, biological and genetic progress offers the ability to modify and improve the performance of the individual and the soldier. The concept of the enhanced soldier is undergoing research but is also leading to consideration of its ethics. The Ministry for the Armed Forces is working on the subject, and is doing so within a self-imposed and rigorous legal framework.
« Quand on ne fait pas tout pour être le premier, le devenir ou le rester, on ne demeure pas le deuxième. On tombe fatalement le dernier », nous a enseigné le maréchal Lyautey. C’est dans cet esprit que depuis toujours les armées se livrent à une véritable course à l’armement dans le seul but d’équiper leurs soldats avec le matériel le plus performant, c’est-à-dire de leur donner leur potentiel guerrier maximal, pour les faire gagner comme pour les protéger. C’est donc à la fois une obligation opérationnelle et une obligation morale vis-à-vis d’hommes et de femmes à qui il est parfois demandé d’aller jusqu’au sacrifice suprême.
Or, de nouvelles opportunités technologiques positionnent désormais l’individu lui-même au centre de cette « course à l’armement ». L’augmentation des performances intrinsèques d’un combattant est aujourd’hui à portée de main, lui offrant la possibilité d’aller plus loin que ses propres limites physiques, physiologiques et cognitives afin de durer, tenir et vaincre. Ce qui n’est pas sans amener de profondes questions sur le sens même de l’engagement du combattant. Quelle différence éthique y a-t-il entre l’entraînement – ou optimisation du potentiel – et l’augmentation ? Le « dopage » peut-il être permis à la condition que la cause soit noble ? Tuer au combat reste-t-il moralement acceptable quand le soldat augmenté possède des capacités intrinsèques sans commune mesure avec celles de son adversaire ? Le superhéros peut-il moralement être qualifié de héros, en somme ? Et qu’est-ce qu’un père ou un mari augmenté lorsqu’il revient au foyer ?
Dans le domaine opérationnel, la question de l’augmentation est posée sous l’angle des modalités et non sous celui de la pertinence, l’augmentation étant déjà en marche chez nos alliés – notamment outre-Atlantique – comme chez nos ennemis à l’instar de l’emploi de comprimés de Captagon par Daech. Rester en marge de ce mouvement nous marginaliserait auprès de nos partenaires pour des questions d’interopérabilité et nous fragiliserait face à nos adversaires, au risque de nous conduire à la défaite.
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