Les ambitions du président Erdogan sont d’ordre géopolitique avec une volonté affichée pour une Turquie puissance régionale. Les forces armées sont engagées sur de nombreux théâtres, alors même que les purges consécutives à la tentative de putsch du 15 juillet 2016 ont affaibli le commandement et atteint le moral des officiers.
Les forces armées turques face aux nouveaux défis stratégiques
The Turkish Forces and New Strategic Challenges
President Erdogan has geopolitical ambitions with a clearly expressed wish for Turkey to be a regional power. Turkish armed forces are committed in several theatres of operation even though the purges since the putsch of 15 July 2016 have weakened the command structure and sapped the morale of their officers.
À la suite de la tentative de putsch du 15 juillet 2016, les forces armées turques ont subi des purges massives. Bien qu’amoindries, elles apparaissent néanmoins comme l’un des instruments inévitables de la montée en puissance de la Turquie. Le pouvoir turc les a dotées d’une nouvelle chaîne de commandement (1) et investies de nouvelles missions à l’extérieur des frontières du pays. En témoignent l’intervention militaire turque en Syrie à compter d’août 2016, le lancement d’une nouvelle opération antiterroriste en Irak en août 2019 et le déploiement de troupes en Libye prévu en 2020. De surcroît, depuis 2017, la Turquie a noué ou renforcé des partenariats stratégiques, notamment avec le Qatar, la Somalie, la Libye et le Soudan, accroissant ainsi son rayon d’action et son influence.
Dans un tel contexte, des interrogations se font jour : quel rôle est dévolu aux forces armées dans la vision stratégique du pays ? À plus long terme, les forces armées turques seront-elles en mesure d’atteindre les objectifs de plus en plus ambitieux qui leur sont fixés ?
La nouvelle armée turque, pierre angulaire de la montée en puissance du pays
Dans le contexte de l’après-guerre froide, la Turquie, qui, jusqu’en 1991, avait concentré ses efforts sur la défense du flanc sud-est de l’Otan, face à la menace soviétique, a étendu son champ d’action en participant notamment aux opérations de l’Otan en Bosnie-Herzégovine et au Kosovo, ainsi qu’à la Force internationale d’assistance à la sécurité en Afghanistan (FIAS). L’actuel président Recep Tayyip Erdogan a élaboré une stratégie générale de montée en puissance, visant à faire du pays une puissance régionale – voire globale – à l’horizon 2023, année du centenaire de la République turque. Forte de telles ambitions, la Turquie n’a pas hésité à mener une série d’interventions militaires dans la région. Par ailleurs, on a pu constater l’importance accordée à l’installation de nouvelles bases militaires turques à l’étranger.
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