Rome, la fin d’un empire – De Caracalla à Théodoric – 212-fin du Ve siècle
Rome, la fin d’un empire – De Caracalla à Théodoric – 212-fin du Ve siècle
Au début du IIe siècle, Rome est à la tête d’un empire hégémonique, tellement vaste qu’il se confond avec l’univers connu. Il est unifié par deux langues, le latin et le grec, et peuplé d’environ 50 millions d’habitants. L’Empire est une structure politique stable. Malgré une crise à la fin du IIe siècle (attaques des Marcomans, épidémies de peste), la puissance de Rome reste inégalée et semble devoir durer toujours. Trois siècles plus tard, en Occident, l’ancien territoire impérial est transformé en une multitude de territoires gouvernés par des rois issus des invasions. Le christianisme, secte marginale au début du IIIe siècle, est alors devenu la religion dominante. En Orient, toutefois, l’Empire prospère encore autour de Constantinople. Cet ouvrage de Claire Sotinel, s’inscrivant dans la continuité de la belle collection « Mondes anciens » chez Belin, restitue la chaîne des événements qui ont accompagné cette métamorphose.
L’auteur a choisi de faire commencer son récit en 212, date de l’édit de Caracalla qui confère la citoyenneté romaine à tous les hommes libres de l’Empire, affirmant ainsi « la domination universelle de Rome ». Son récit, par contre, se prolonge au-delà de la déposition du dernier empereur romain, Romulus Augustule, le 4 septembre 476, passée presque inaperçue de ses contemporains. C’est en effet surtout le règne du roi ostrogoth Théodoric, commencé en 493, qui donna une nouvelle direction à l’histoire de l’Italie. « En 497, nous rappelle l’auteur, l’horizon de Rome n’est plus la cité universelle, même si ses habitants sont tous majoritairement des citoyens romains. La Ville ne tire plus ses ressources de l’Afrique, mais de la Campanie et de l’Italie du Nord. Le roi n’y réside pas, sa capitale est à Ravenne, et les sénateurs qui siègent à la Curie sont presque tous italiens […] Si son évêque, qu’on appelle souvent le pape, étend son autorité doctrinale et morale bien au-delà de la péninsule, Rome est redevenue italienne et partage les difficultés de la péninsule. Son rayonnement n’a pas disparu, mais il est tout entier dans les symboles et le souvenir d’une gloire passée pendant que s’élabore très progressivement sa fonction à venir de la capitale de la chrétienté ». On assiste progressivement à la fin du bilinguisme latin/grec et à la disparition de l’usage du grec entre les IVe et VIe siècles.
Le livre privilégie une approche politique, tout en se refusant ouvertement à proposer une explication de la fin de l’Empire romain en Occident. Son ambition est tout autre aux yeux de son auteur : « Par un récit complet de la trame politique… nourri des travaux les plus récents, il entend exposer comment, si cet Empire a bien disparu, ce n’est pas par une chute brutale, mais à travers un lent et complexe processus politique s’inscrivant dans une société en cours de transformation, dans un contexte de changement des équilibres qui dépasse les limites du monde gréco-romain ».
Servi par une belle finition, comme tous les livres de cette collection, ainsi que par une riche iconographie, muni de nombreuses cartes et d’un glossaire, cet ouvrage conséquent se termine par une enquête sur la notion de décadence dans l’historiographie de l’Empire romain de Gibbon à nos jours. ♦