Dans son allocution aux Français, le 16 mars 2020, le président de la République a utilisé un vocabulaire guerrier : « Nous sommes en guerre, en guerre sanitaire, certes : nous ne luttons pas contre une armée, ni contre une autre Nation. Mais l’ennemi est là, invisible, insaisissable, qui progresse… ». L’heure est donc à la mobilisation générale contre la pandémie du Covid-19 provoquée par un coronavirus. La particularité de ce conflit tient dans le fait que cet ennemi est un agent pathogène invisible à l’œil nu et animé par aucun des facteurs à l’œuvre dans tous les conflits de l’histoire, comme la conquête territoriale, la vengeance ou le fanatisme. Il obéit à sa propre logique biologique indifférente à tout ce qui régit les comportements humains. Son seul vrai adversaire biologique est le système immunitaire des organismes vivants qu’il infecte. Or, si le système immunitaire est à l’organisme ce que le système de défense est à la nation, il est intéressant d’essayer de tirer des leçons de la comparaison entre le virus et la guerre. 

Présentation des belligérants

Le virus ou plutôt les virus, car ils n’existent qu’en nombre, ne sont pas aisés à définir.

Ali Saib ⁽¹⁾, enseignant-chercheur virologie, mentionne que la définition n’est pas simple, citant au passage Saint-Augustin au sujet du temps : « Si personne ne me le demande, je sais, mais si on me le demande, je ne sais plus. » Seule une approche dynamique est en mesure de circonscrire au mieux la définition des virus. C’est un parasite infracellulaire qui affecte l’ensemble du vivant, y compris lui-même.