L’aéronautique navale indienne est à la croisée des chemins. Disposant depuis 1961 d’une capacité aéronavale embarquée sur porte-avions, le renouvellement de cette composante est difficile et coûteux alors que l’Indian Navy doit faire face à de multiples défis dont la montée en puissance de la Chine et de sa marine.
L’Indian Naval Air Arm : enjeux et perspectives de l’aéronautique navale indienne
Challenges and the Future of the Indian Naval Air Arm
The Indian Naval Air Arm is at a crossroads. Since 1961 the country has had a carrier-borne naval-air capability: renewal of the component will prove difficult and costly at a time when the Indian Navy is facing numerous challenges, not least of which is China’s increasing naval power.
En 1965, éclate la seconde guerre indo-pakistanaise suite à l’exacerbation des tensions dans la région du Cachemire. Incapable de peser dans le conflit et d’empêcher des bombardements côtiers, l’Indian Navy, alors perçue comme le « parent pauvre » des forces armées indiennes, semble vouée aux gémonies. L’INS Vikrant, son premier porte-avions, en maintenance et donc immobilisé lors du conflit, aurait pu être relégué au statut d’« éléphant blanc » malgré l’enthousiasme que sa mise en service avait suscité quatre ans plus tôt.
La doctrine stratégique indienne est historiquement tournée vers le continent du fait de rivalités avec des puissances voisines ; l’Inde britannique fut notamment au cœur de l’inimitié entre la Russie et le Royaume-Uni au XIXe siècle ; par la suite, c’est la rivalité postindépendance avec son voisin pakistanais qui domine l’organisation et la pensée stratégiques indiennes. L’écrasante primauté de l’armée de terre dans l’appareil de défense indien, qui perdure encore aujourd’hui, en atteste. De ce fait, la marine indienne demeure, jusqu’à la fin du XXe siècle, une marine côtière principalement mobilisée dans le cadre de la surveillance des littoraux, mais aussi lors des divers conflits avec son voisin pakistanais. L’aéronautique navale est paradoxalement au cœur de ce dispositif avec plus d’une dizaine d’escadrons établis le long des côtes et l’acquisition de porte-avions depuis les années 1960.
Dès le début de la décennie 1990, New Delhi opère un changement doctrinal majeur, avec une stratégie maritime visant à transformer les forces navales indiennes en une marine de haute mer. C’est notamment la chute de son principal allié, l’URSS, qui incite l’Inde à renouveler sa vision diplomatique afin de trouver de nouveaux partenaires dans la région de l’océan Indien. Dans le même temps, le positionnement de la Chine comme puissance économique et militaire de premier plan au tournant du millénaire change également la donne pour New Delhi. La Chine développe des lignes de communication terrestres et maritimes afin de promouvoir sa puissance commerciale. Dans l’océan Indien, elle établit un vaste réseau, un « collier de perles » d’installations maritimes commerciales et militaires chez ses alliés. Pékin mise également sur le développement de sa flotte et construit, en matière de tonnage, l’équivalent de la flotte française tous les quatre ans comme le rappelait l’amiral Prazuck, chef d’état-major de la Marine, lors d’une audition devant l’Assemblée nationale en juillet 2019.
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