Le terrorisme, notamment djihadiste, semblerait marquer un palier depuis que la pandémie monopolise les esprits. Il faut rester prudent et bien considérer que la menace terroriste persiste, est en mutation et continuera à frapper, obligeant à poursuivre un combat ingrat, complexe et souterrain.
La fin du cycle contre-terroriste ? Quels scénarios retenir ?
An End to the Counter-Terrorism Cycle? Possible Scenarios
Terrorism, jihadist in particular, would appear to have plateaued since the health pandemic began to dominate our thoughts. We nevertheless need to remain prudent and remember that the terrorist threat has not gone away: it is mutating and will continue to strike, and commits us to pursue thankless, complex and undercover combat.
L’accalmie apparente liée à la prééminence dans les esprits de la pandémie de la Covid-19 ne doit pas nous rendre amnésiques. Le terrorisme, loin d’être une menace nouvelle, sévit depuis des siècles. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, plusieurs cycles terroristes se sont succédé en France et ont placé cette menace au cœur des débats depuis qu’elle a frappé l’Occident avec une ampleur sans précédent le 11 septembre 2001. La France, pays d’Europe le plus touché au cours de la dernière décennie, n’échappe pas à cette tendance qui a entraîné un changement de paradigme. Si le Livre blanc sur la sécurité intérieure de 2006 rappelait le souhait de ne pas s’engager dans une « guerre globale contre le terrorisme », mais de « demeurer dans une logique de temps de paix », la vague d’actes terroristes d’ampleur inédite en France a entraîné un glissement vers une sémantique bien plus guerrière depuis près de dix ans.
Depuis les attaques de Mohammed Merah en mars 2012, jusqu’à celles survenues en octobre 2020, la menace terroriste n’a cessé d’évoluer et d’accaparer les services de renseignement français. Principaux acteurs de ce combat, ils sont aussi parmi les premiers à devoir répondre des attentats, souvent considérés comme leur échec. La lutte contre le terrorisme islamiste a ainsi remodelé les services, qui tentent au mieux de s’adapter aux contraintes d’une menace diffuse et internationale.
Toutefois, si le terrorisme connaît des cycles et si l’Europe arrive au terme d’un tel cycle, n’est-ce pas aussi le cas du contre-terrorisme, défini comme « l’ensemble des mesures préventives prises par l’action publique pour lutter contre le terrorisme » ? Plus précisément, la contribution des services à cette prévention n’atteint-elle pas son zénith, dans un contexte plus global de prévention de la radicalisation et de renouvellement ou d’émergence d’autres menaces susceptibles de les mobiliser ? Quelle « boussole stratégique » utiliser pour orienter les dispositions et l’action d’une communauté nationale dont les moyens humains, techniques et juridiques ont été considérablement renforcés ?
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