La relation entre les États-Unis et l’Indo-Pacifique est désormais déterminée par la compétition stratégique entre Washington et Pékin. Pour les Américains, il est nécessaire, après la crise sanitaire de la Covid-19, d’avoir une approche stratégique pragmatique en discutant avec ses partenaires régionaux.
Le siècle Indo-Pacifique, par-delà la Covid-19
The Indo-Pacific Century after Covid-19
The relationship between the United States and the Indo-Pacific region is now determined by the strategic competition between Washington and Beijing. Once the Covid-19 health crisis is over, the Americans will need to embark upon a pragmatic strategic approach through discussion with their regional partners.
La rédaction de cette trilogie (1) s’est achevée après l’élection présidentielle américaine du 3 novembre, en dépit du vote pour une nouvelle Administration démocrate et des répercussions politiques à en attendre. N’intégrons pas une analyse centrée sur ce fait qui, à mes yeux, n’invalide pas le sujet. Il faut dire que la Covid-19 a modifié la donne. Cette pandémie du début de l’année 2020 illustre bien la continuité de cette rivalité géopolitique, la fragmentation de cet ordre international : entre la volonté forcenée de Washington et de Pékin de trouver un bouc émissaire au virus Covid-19 pendant que la pandémie creuse encore plus le fossé qui les sépare des autres puissances moyennes.
C’est sous cette tension, exacerbée par la crise du multilatéralisme qu’émerge la course à la prédominance ou au statut de référence dominante percutée par l’irruption de la Covid. Toutefois, la crise sanitaire n’est pas le principal facteur du durcissement des relations entre les deux protagonistes qui s’affrontent dans cette course. Au moment où se répandait le virus, le moins que l’on puisse dire est que chaque pays a eu à sa manière un mode de gouvernance autonome. Campant sur un tweet selon lequel les États-Unis allaient bientôt « en finir » avec la Covid-19, après avoir minimisé à tort, en mars, la gravité de la pandémie en public en la comparant à la grippe, c’est finalement un regard perplexe que ses alliés ont porté sur leurs relations avec Washington. Habitués à voir les États-Unis à l’épicentre des affaires du monde et non à l’épicentre d’une pandémie, avec le monde tel qu’il est, beaucoup d’acteurs se sont interrogés au sujet de l’engagement des États-Unis à l’international.
Quand on relit aujourd’hui le livre de Hans J. Morgenthau sur la théorie de l’équilibre des forces dans les relations internationales, tentant de faire dialoguer l’actualité immédiate et la grande Histoire, on comprend pourquoi. L’histoire a sa dynamique, mais les puissances également et, sur ce plan, les États-Unis et la Chine sont bien armés (le tandem représente 40 % de la part du PIB mondial). Reste que le système international de référence, l’apogée des États-Unis dans un rôle dominant, a changé ; analysons-le sous l’angle de quelques indicateurs économiques pour réaliser vite et inéluctablement un basculement du rapport de force qui n’est pas sans fin.
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