Combattre la pandémie de la Covid-19 ne doit pas se limiter à la recherche du vaccin, futur jackpot financier, mais également s’obliger à comprendre les mécanismes de transmissions des espèces animales, dont la chauve-souris vers l’espèce humaine. Cette recherche est indispensable si l’on veut affronter les épidémies de demain.
Aux sources de la Covid-19
The Sources of Covid-19
Combatting the Covid-19 pandemic should not be limited to searching for a vaccine despite the temptation of a future financial jackpot: it should carry with it the need to understand the mechanisms of transmission from animals (including bats) to humans. This research is essential if we want to be able to face future epidemics.
Les épidémies humaines ont presque toujours une origine animale, mais celle-ci s’efface au fur et à mesure que l’humanité est touchée en profondeur. Certes, la responsabilité du chien dans la survenue d’une rage est évidente, même s’il n’y a jamais d’épidémie, car on voit mal les humains se contaminer en se mordant mutuellement ! On oublie toutefois, que les chauves-souris restent le réservoir du virus de la rage. La responsabilité du singe dans l’épidémie d’Ebola, lui-même contaminé par les chauves-souris, est déjà plus cachée. Quand l’humain devient le propagateur second d’une diffusion virale à une large échelle, l’oubli de la source première ressort de l’anecdote.
L’exemple le plus frappant est celui de la peste transmise par les puces du rat. Il a fallu longtemps pour comprendre que le danger venait des rats morts sur lesquels les puces ne pouvaient plus se nourrir. Et les humains ne devenaient dangereux pour les autres que s’ils étaient mordus par des puces affamées par l’absence de leur nourriture habituelle, les rats. Le paradoxe était donc que les rats étaient des propagateurs par leur mort, de protection par leur vie. Or, en période d’épidémie la chasse aux rats ne fait qu’amplifier la diffusion. Comprendre donc la genèse d’une épidémie suppose d’en comprendre la source et de ne pas se limiter à interrompre la transmission interhumaine, car cette indifférence aura pour conséquence majeure de ne pas nous protéger d’une nouvelle épidémie.
Le monde viral hébergé par les animaux est en effet sans limite ; la transmission à l’humain dépendra de plusieurs facteurs : la réduction de l’espace sauvage de résidence des animaux, la barrière d’espèce qui explique que les animaux sains peuvent transmettre des maladies mortelles à l’homme et les animaux malades ne pas pouvoir le faire (comme le rouget du porc qui a décimé la population porcine en Chine sans dommage humain), les conditions ultrarapides de transports qui mettent en contact animaux vecteurs et humains. Ce qui nous protège du virus Ebola est paradoxalement sa gravité quasi constante telle que les voyageurs éventuels qui pourraient diffuser l’infection sont rapidement identifiés avant leur départ. Alors que la gravité de la Covid-19 ne réside pas dans la mortalité réduite à 1 ou 2 %, mais dans le caractère asymptomatique de la majorité des personnes touchées qui explique la diffusion mondiale d’un virus dont aucun signe ne permet justement la reconnaissance.
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