L’Armée de terre dispose de moyens dédiés à la défense NRBC avec le 2e RD et le RMED, en liaison avec le SSA. Les menaces et les risques NRBC sont protéiformes et exigent des expertises de haut niveau. La crise sanitaire liée au coronavirus a validé la nécessité de ces capacités, en évolution technique permanente.
La défense nucléaire, radiologique, biologique et chimique (NRBC) de l’Armée de terre, entre investigation et décontamination
The Army’s Chemical, Biological, Radiological and Nuclear (CBRN) Defence: From Investigation to Decontamination
The Army has dedicated CBRN defence assets in the 2nd RD (Régiment de dragons—Dragoon Regiment) and the RMED (Régiment medical—Medical Regiment), in liaison with the SSA (Service de santé des armées—Forces’ medical service). CBRN threats and risks are highly varied and changeable, and require high levels of expertise. The Coronavirus health crisis has highlighted the need for these constantly-evolving capabilities.
Si la volonté de recourir à des substances toxiques pour combattre date de quelques milliers d’années déjà, c’est la Première Guerre mondiale qui a permis la création des premières véritables armes de destruction massive (ADM) : leur naissance remonte au 22 avril 1915 à Ypres, lorsque l’armée allemande a déversé plusieurs centaines de tonnes de chlore, faisant des milliers de victimes. Rapidement, chaque armée chercha à utiliser et optimiser ces armes chimiques, tout en s’organisant pour concevoir et mettre en œuvre des dispositifs de défense et de protection des combattants.
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le développement de nouvelles ADM s’est accéléré avec la mise au point de l’arme nucléaire par les États-Unis (employée en 1945 à Hiroshima et à Nagasaki) ainsi que d’armes biologiques (comme la production de bombes à l’anthrax par le Royaume-Uni ou le programme de recherche japonais de l’Unité 731). Ce développement atteignant son paroxysme durant la guerre froide, les armées se sont organisées pour se protéger contre l’emploi massif par l’ennemi d’armes dites « spéciales », c’est-à-dire nucléaires, biologiques ou chimiques (NBC). Ainsi, depuis la création de l’École militaire des armes spéciales en 1962, la défense NBC fait partie intégrante des préoccupations de l’Armée de terre.
Depuis la chute du mur de Berlin et la disparition de la menace soviétique, d’autres événements dévastateurs se sont succédé, tels que les catastrophes naturelles de grande ampleur (séismes, tsunamis, éruptions), les incidents technologiques majeurs (explosion de l’usine AZF de Toulouse, accident nucléaire de Fukushima, explosion à Beyrouth), les attaques terroristes d’envergure (11 septembre 2001 aux États-Unis, 11 mars 2004 à Madrid, 26 au 29 novembre 2008 à Bombay) ainsi que de nouvelles dynamiques épidémiques (SRAS, Ébola, H1N1, H5N1, Covid-19). Les forces armées ont alors pris conscience que, outre les menaces militaires considérées comme classiques, tout théâtre d’opération inclut également des risques industriels (radiologiques, biologiques ou chimiques) et environnementaux ainsi que des menaces protéiformes : la défense NBC devient NRBC (nucléaire, radiologique, biologique et chimique). La prolifération des ADM reste par ailleurs une réalité complexe impliquant autant des États que des organisations terroristes et ce, en dépit des nombreux efforts politiques et diplomatiques pour les limiter. C’est pourquoi le domaine de la défense NRBC prend dorénavant en compte la lutte contre leur prolifération et leurs effets possibles.
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