Contrairement aux apparences, la mer a protégé de la pandémie qui est passée par les terres et les voyages aériens. La dimension maritime est un atout en ces temps troublés et la France dispose avec ses terres ultramarines et sa ZEE d’un espace essentiel pour renforcer sa résilience. À condition d’assumer sa dimension océanique.
La mer et le confinement
The Sea and Lockdown
Contrary to appearances the sea has offered protection from the pandemic, which has spread over land and through air travel. The maritime aspect is an advantage in these troubled times, and with its sovereign sea areas and its EEZ France possesses the essential room for manoeuvre to support its resilience—on condition, that is, that France accepts its oceanic dimension.
« Il y a trois sortes d’hommes sur la Terre : les vivants, les morts et ceux qui vont sur la mer. » Cette citation d’Aristote qui introduit le film Le Chant du loup n’a jamais eu de résonance plus forte qu’au cours de la crise actuelle, soumise aux vicissitudes d’un ennemi invisible, mais qui craint l’eau.
La mer, espace de protection
Aristote, sans doute, parlait de cette vie de marin particulière, coupée du monde des vivants – le marin qui part en mer n’est plus dans le quotidien du terrien – tout en ignorant celui de la mort, y compris dans le naufrage où les corps deviennent la possession de l’océan. Malgré les technologies modernes, l’homme de mer ne connaît pas l’omniprésence des réseaux de communication et s’éloigne des réseaux sociaux. Sa première bulle de protection se forge à travers le filtre naturel créé par la distance et l’immensité de l’océan. Pris dans son travail quotidien à bord et la navigation, il n’est plus dans l’instantanéité de l’information qu’impose l’époque moderne, mais demeure en recul face aux événements, retrouve la vérité des éléments naturels.
Aristote n’avait vraisemblablement pas pensé que le marin deviendrait le protégé de la mer en des temps de pandémie. Car si elle peut être cruelle comme le racontent souvent les chants bretons, elle devient un espace de protection et de liberté pour celui qui navigue lorsque la tempête sévit sur la terre ferme. La distanciation est naturelle. Les milles nautiques qui séparent le bateau de la côte s’érigent en mur d’Hadrien. L’océan, élément hostile, aussi peu naturel que les airs pour l’Homme, devient un refuge pour celui qui sait naviguer et durer. C’est d’ailleurs par les océans que les troupes franco-britanniques se sont retirées lors de l’opération Dynamo en juin 1940. Les évacuations de ressortissants, le Liban en 2006, rappellent aussi combien la mer conserve et renforce à l’époque moderne son statut d’espace de protection face à une menace montante.
Il reste 81 % de l'article à lire
Plan de l'article