À l’automne 1939, le Royaume-Uni et la France s’efforcent de trouver des conceptions stratégiques visant à disperser les troupes allemandes, avec l’idée de nouveaux théâtres d’opérations périphériques. Les Balkans furent l’objet d’études d’état-major, mais sans lendemain.
Histoire militaire - Les conceptions stratégiques franco-britanniques à l’automne 1939
Military History – Franco-British Strategic Concepts in the Autumn of 1939
In the autumn of 1939 the United Kingdom and France endeavoured to find strategic concepts aimed at dispersing German troops, one idea being to establish new peripheral theatres of operation. Staff studies focused on the Balkans, but were not followed up.
À l’issue de la campagne de Pologne, les Alliés franco-britanniques, conscients du rapport de force défavorable qui serait le leur, dès que la Wehrmacht aurait achevé sa concentration à l’ouest, se persuadèrent sans difficulté, que l’ouverture de nouveaux théâtres d’opérations pourrait permettre une dispersion de l’effort militaire allemand et ainsi contrebalancer la donne sur le front principal, à l’ouest. Dès le 4 septembre, à l’issue d’une réunion avec les chefs militaires britanniques, Gamelin notait : « Il n’est pas douteux que les théâtres d’opérations qui s’ouvriront dans l’Europe balkanique auront une importance considérable. C’est pourquoi les Britanniques estiment avec raison que nous devons constituer dans la zone de la Méditerranée orientale (Égypte-Levant), au “centre d’Empire britannique”, selon le mot du général Ironside, un puissant groupement de forces destinées à alimenter nos théâtres orientaux, en coopération avec la Turquie d’abord et, ensuite, avec les pays balkaniques qui se rangeraient à nos côtés. La dernière guerre a déjà démontré la nécessité de combiner les opérations, non plus sur un seul théâtre, ou des théâtres voisins, mais bien de coordonner des actions sur des théâtres très éloignés les uns des autres. Les systèmes fortifiés érigés un peu partout, interdisant ou limitant les manœuvres dans les zones où ils sont implantés, confirment plus que jamais cette conception. »
C’est dans cet esprit que l’ouverture de nouveaux théâtres était perçue, du côté allié. C’est aux Balkans qu’il fut d’abord songé. Gamelin écrit toujours : « Ils étaient une part essentielle de la conception générale qui nous guidait : l’intérêt qu’il y avait, pour la France et la Grande-Bretagne à voir s’ouvrir des théâtres d’opérations, secondaires évidemment par rapport au front français, mais de nature à retenir une part aussi importante que possible de forces allemandes. »
Cette analyse stratégique pouvait prévaloir tant que l’idée, selon laquelle à l’issue de leur campagne de Pologne les armées allemandes seraient engagées pour asseoir l’emprise politique, économique et stratégique du Reich dans les pays balkaniques, serait plausible. Dans cette hypothèse, tout portait à croire qu’une résistance armée leur serait opposée par les pays traditionnellement alliés à Paris et à Londres, tels que Yougoslavie, Roumanie, Grèce ou Turquie. En réalité, il fallut très peu de temps pour comprendre que les armées étaient redéployées massivement à l’ouest, face à la France, la Belgique et la Hollande. Il se confirmait qu’Hitler voulait profiter au plus tôt, d’un rapport de force favorable. Du reste, de simples pressions politiques ou diplomatiques ont suffi à l’Allemagne pour assurer sa tranquillité vis-à-vis des pays des Balkans, et même, à obtenir d’eux les approvisionnements en matières premières dont son industrie avait besoin ou en produits alimentaires pour sa population, ce qui lui permettait de contourner le blocus mis en place par les Alliés.
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