Les 10 ans des traités de Lancaster House démontrent le besoin impératif de relancer la coopération bilatérale qui risque actuellement de s’essouffler, faute d’un mauvais dynamisme. Le Brexit ne peut qu’accentuer les difficultés, d’où la nécessité d’une relance politique clairement soutenue de part et d’autre de la Manche.
Par-delà le Brexit : une nécessaire relance de la coopération
Beyond Brexit: a Necessary Re-launch of Cooperation
The tenth anniversary of the Lancaster House Treaties highlights the crying need to inject new life into bilateral cooperation that is currently running out of steam through bad dynamics. Brexit serves only to accentuate the difficulties, hence the need for a political re-launch that has clear support on both sides of the Channel.
Depuis 2010, la coopération franco-britannique de défense a connu des avancées importantes (programme Teutatès, force expéditionnaire conjointe, One MBDA, contre-terrorisme…), mais aussi des échecs, notamment dans le domaine capacitaire (porte-avions, système de combat aérien du futur, drones tactiques…). Depuis 2014, déjà, et les querelles sur la réforme de l’UE, et plus encore depuis 2016 et le vote du Brexit, le franco-britannique ne semble plus être une priorité, le soutien politique s’est évanoui de part et d’autre de la Manche. Or, cette relation reste essentielle : une coopération franco-britannique approfondie est indispensable à la sécurité des deux États et plus généralement à celle du continent.
L’importance de la relation de défense et de sécurité entre la Grande-Bretagne et la France découle, on le sait, de leurs capacités militaires importantes, de leur statut de puissances nucléaires ainsi que membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, et de leurs perspectives et cultures stratégiques semblables. De là, plusieurs besoins communs avaient amené Londres et Paris à sceller un ambitieux rapprochement en 2010 : la préservation d’arsenaux nucléaires sûrs et efficaces, la réalisation d’économies budgétaires par l’acquisition conjointe d’armement et l’intégration de leurs industries, ou encore l’amélioration de l’interopérabilité de leurs forces armées. Tout cela concordant à contribuer à la capacité de l’Europe à prendre davantage en main sa sécurité, alors que les États-Unis se tournaient vers l’Asie.
Tous ces arguments restent valables aujourd’hui. A fortiori, la coopération franco-britannique est rendue plus indispensable encore dans le contexte du Brexit, de la confirmation du désengagement américain du voisinage de l’Europe, de défis technologiques nouveaux et des menaces protéiformes que posent la Chine et la Russie. Si la France et le Royaume-Uni ne parviennent pas à relancer dès à présent leur partenariat bilatéral et à avancer de concert face à ces enjeux, cela pourrait avoir des effets à long terme, puisque des choix stratégiques structurants doivent être faits dès aujourd’hui. Un soutien politique clair de la part des deux partenaires et la poursuite de nouveaux projets en coopération sont nécessaires pour parer au risque d’une divergence stratégique durable entre les deux puissances européennes.
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