L’espace est plus que jamais au cœur de nos opérations militaires, d’où le besoin impérieux d’adapter en permanence notre posture spatiale avec une approche globale : une capacité à innover, profitant de notre base technologique, en évitant un retard conceptuel. Il y va de la résilience de nos capacités et de la volonté d’agir.
L’espace au cœur des opérations militaires modernes
Space at the Heart of Modern Military Operations
Space is more than ever at the heart of our military operations, hence the pressing need for permanent adaptation of our space posture with an overall approach: a capability to innovate, making use of our technological base, while avoiding design delay. With that goes the resilience of our capabilities and a will to act.
Depuis une dizaine d’années, le domaine spatial – par essence évolutif – connaît des changements radicaux. Le nombre d’États qui investissent dans le spatial a ainsi considérablement augmenté : ils sont aujourd’hui 85, contre seulement 30 en 2010 ! Les acteurs privés occupent une place croissante aux côtés des acteurs publics. En mai 2019, l’entreprise américaine SpaceX procédait à la mise en orbite des 60 premiers nano-satellites de son projet de constellation Starlink. Dix-huit mois plus tard, fin octobre 2020, ce sont plus de 800 satellites qui ont été mis en orbite par SpaceX. Certains États ont acquis ou développent une capacité à agir dans l’espace. L’exemple du satellite-espion russe Luch-Olymp est à cet égard significatif.
Cette remise en cause, très rapide des équilibres traditionnels dans le domaine spatial, nous a conduits à réfléchir à l’adaptation de la planification et de la conduite de nos opérations militaires.
Les opérations militaires et l’espace : de la dépendance à la vulnérabilité
Depuis les années 1980 et le lancement de nos satellites d’imagerie et de communication, le recours aux capacités spatiales par les armées françaises a connu une croissance ininterrompue. Dans le cadre de l’appui aux opérations, l’espace est désormais tout à la fois fournisseur de services de navigation/synchronisation, de communication, de météorologie et de recueil de renseignement. Il est pratiquement impossible d’envisager la moindre manœuvre militaire sans appui météo ou navigation. Quant à un engagement en haute intensité, il est tout simplement inconcevable sans un appui en renseignement et en communications satellitaires. Ce besoin en capacités spatiales va encore s’accentuer avec les projets capacitaires structurants futurs : le système de combat aérien du futur (Scaf) pour l’Armée de l’air et de l’espace ou Titan pour l’Armée de terre par exemple. La Marine nationale n’est pas en reste, qui emploie depuis longtemps l’espace pour les fonctions évoquées, étant par essence appelée à opérer loin de tout. Tous ses grands programmes à venir (sous-marins, porte-avions NG notamment) s’appuieront donc également sur l’espace. Enfin, les capacités spatiales sont au cœur de l’autonomie de notre processus de décision stratégique. En 2003, c’est entre autres sur la base de renseignements d’origine spatiale que le président Chirac a décidé de ne pas engager la France en Irak. Or, dans le contexte stratégique actuel, marqué par l’incertitude, cette forme de dépendance à l’égard de l’espace ne doit pas se transformer en vulnérabilité.
Il reste 84 % de l'article à lire
Plan de l'article