La création du Commandement de l’Espace obéit à un principe de réalité et d’efficacité tant l’espace est essentiel dans notre stratégie de défense. Le CDE, de par son lien étroit avec l’Armée de l’air et de l’espace, le Centre national d’études spatiales (Cnes) et d’autres acteurs dont nos alliés, est un atout essentiel pour sauvegarder nos intérêts et conduire nos opérations.
Le Commandement de l’Espace et la montée en puissance du spatial de défense
Command of Space and the Increasing Importance of Space in Defence
The creation of the Space Command (Commandement de l’espace—CDE) is fully in line with the principle of reality and effectiveness, given the degree to which space is essential to our defence strategy. By virtue of its close links with the Air and Space Force, the Cnes (Centre national d’études spatiales—National space studies centre) and other players—our allies included—the CDE is an essential asset for safeguarding our interests and conducting our operations.
L’espace a connu des bouleversements sans précédents ces quinze dernières années. Il y a quinze ans, l’opérateur privé SpaceX de Elon Musk n’existait pas. Il est aujourd’hui le plus important fournisseur d’accès à l’espace, ravitaille la station spatiale internationale et y convoie les astronautes américains. Son succès fulgurant et son modèle économique original ont mis en grande difficulté l’ensemble des acteurs de l’accès à l’espace, les contraignant à une remise en question et ouvrant la voie à d’autres acteurs dans ce domaine. Il y a quinze ans, la Lune n’était plus un enjeu. C’est aujourd’hui une véritable course à la Lune, et après la Lune une compétition vers Mars, qui s’est engagée entre les États-Unis et la Chine, rejoints par de nombreux acteurs institutionnels et privés. Il y a quinze ans, les nanosatellites étaient une affaire d’universitaires et d’étudiants. Ils sont aujourd’hui lancés en orbite par centaines, porteurs d’applications civiles et militaires, au sein de méga-constellations dont les projets Oneweb, Kuiper d’Amazon ou Starlink de SpaceX sont les exemples les plus connus. Starlink prévoit ainsi la mise en orbite de 12 000 satellites, soit quatre fois plus que l’ensemble des satellites opérationnels en orbite aujourd’hui. Enfin, il y a quinze ans, aucune arme n’avait jamais détruit un satellite en orbite. Trois tirs réalisés par trois pays ont, depuis, démontré l’existence de telles capacités. Et les menaces ne cessent de se développer et de prendre de nouvelles formes.
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L’espace extra-atmosphérique n’est donc plus un sanctuaire. Constat fait par la Revue stratégique de 2017. Mais resté finalement sans conséquence jusqu’au discours du président de la République dans les jardins de l’hôtel de Brienne le 13 juillet 2018, déclarant à cette occasion que l’espace était un enjeu de sécurité nationale et demandant une Stratégie spatiale de défense. Élaborée sous la direction de Mme Florence Parly, ministre des Armées, cette stratégie publiée en 2019 marque un tournant majeur pour la France et pour les armées. Elle constate le caractère essentiel de l’espace et de ses services pour notre pays, nos concitoyens, notre économie, notre défense et notre sécurité. Mais elle constate également une compétition stratégique croissante et l’augmentation rapide des risques et surtout des menaces à l’encontre de nos moyens et de nos intérêts spatiaux. Face à ce constat, elle fixe un horizon, celui du renforcement de l’autonomie stratégique de la France en lui donnant les moyens de répondre aux menaces émergentes, de défendre nos intérêts spatiaux, dans le respect du droit international, et de garantir la liberté d’accès et d’action dans l’espace.
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