La puissance exponentielle des GAFAM remet en cause notre approche classique de la Base industrielle et technologique de défense (BITD). Il est nécessaire de réagir rapidement pour développer un modèle plus agile et plus efficace afin de retrouver un minimum de souveraineté dans un champ désormais incontournable pour notre défense.
BITD/GAFAM, un choc inéluctable
The DTIB and GAFAM—an Unavoidable Clash
The exponential growth in the power of the GAFAM companies (Google, Apple, Facebook, Amazon and Microsoft) is calling into question our conventional approach to the defence technological and industrial base. We need to react rapidly and develop a more agile and effective model in order to recover a minimum level of sovereignty in a field that is now essential to our defence.
Avec des systèmes d’armes qui reposeront davantage sur le logiciel (algorithmes, IA, cloud…) que sur le produit physique, la façon de concevoir, vendre et soutenir les armes de demain, sera bouleversée. Confrontées ou contraintes de coopérer demain avec des « pure players » du numérique comme les GAFAM (1), la base industrielle et technologique de défense (BITD) et la DGA doivent engager une grande réflexion quant à leurs missions et leur modèle de coopération pour éviter de se faire déborder et déclasser.
30 mai 2020, à cap Canaveral en Floride, sous les yeux du président des États-Unis Donald Trump, la fusée Falcon 9 s’élève dans le ciel avec à son bord deux astronautes américains en partance pour la station spatiale internationale. Les États-Unis attendaient l’événement depuis 2011, date de la mise au garage des navettes spatiales de la NASA. Cela faisait presque dix ans que les États-Unis reposaient sur les fusées russes Soyouz pour transporter ses astronautes, et ils doivent cet exploit à une société privée, SpaceX, qui conçoit et fabrique le lanceur comme la capsule d’équipage Crew Dragon.
Il n’aura fallu que vingt ans pour passer d’un marché spatial concentré entre les mains de grands donneurs d’ordre institutionnels adossés à de puissantes agences spatiales nationales, à une cohabitation forcée (voire une domination) du secteur spatial traditionnel avec une industrie spatiale privée, guidée essentiellement par des motivations commerciales. À l’origine de cette rupture majeure et réussie, la décision stratégique de jouer la dualité, de soutenir l’industrie spatiale privée américaine, de passer par une approche de partenariats public-privé et des contrats simplifiés. Après l’espace, avec l’arrivée du Cybertruck et ses possibles variantes militarisées, le domaine terrestre sera-t-il le prochain domaine « disrupté » ? Il est inutile d’être devin pour imaginer que les domaines aériens et maritimes suivront.
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