Les équipages de navires sont de plus en plus des digital natives, d’où le besoin de réfléchir à l’usage des smartphones à bord. Le lien avec les réseaux sociaux est une réalité au quotidien qu’il convient de prendre en compte pour éviter de se trouver en position de faiblesse lors des engagements opérationnels.
Équipages et personal technologies : derrière l’opportunité, le danger ?
Ships’ Crews and Personal Technologies: Behind the Opportunity, a Danger?
Ships’ crews are increasingly digital natives, which raises the need to reflect about the on-board use of smartphones. The everyday use of social networks should be taken into account to avoid finding ourselves in a position of weakness during operational commitments.
Cet article est né d’une observation et d’une préoccupation. Une observation : celle de l’équipage du Surcouf, un bâtiment de combat de cent cinquante marins d’une moyenne d’âge de vingt-huit ans, dans les diverses conditions de la vie embarquée (missions opérationnelles, période d’arrêt technique, etc.). Un équipage dont 40 % des marins ont entre 18 et 25 ans. Un équipage où 100 % des marins possèdent un smartphone, du plus jeune matelot au commandant. Bref, un équipage de son temps. Une préoccupation : celle de caractériser l’influence des « technologies individuelles » sur le comportement individuel et collectif des membres de cet équipage. Désignée sous le terme de personal technologies dans la littérature anglo-saxonne, cette notion englobe l’ensemble des vecteurs numériques utilisés à titre individuel : smartphone au premier chef, mais également tablettes, ordinateurs portables, consoles de jeux vidéo et objets connectés.
Compte tenu de l’effet potentiel de l’emploi désormais généralisé et bien souvent immodéré de ces technologies sur les équipages des marines occidentales, il nous paraît utile de partager nos réflexions. En effet, si le risque « sécurité opérationnelle » (1) porté par les technologies individuelles semble aujourd’hui relativement bien pris en compte au sein de la force d’action navale (FAN) (2), le risque relatif aux effets induits par ces technologies sur les performances individuelles et collectives des marins paraît à l’inverse constituer un angle mort. Or, dans un contexte de recherche tous azimuts du « surcroît de performance » pour surclasser un adversaire, l’analyse de ce risque mérite d’être approfondie afin de ne pas en subir les éventuelles conséquences au cours de la décennie qui s’ouvre, alors que la part des marins bercés au numérique ne fera qu’augmenter au gré du renouvellement des effectifs.
Ces éléments de réflexion n’ont pas la prétention de constituer une étude scientifique ou sociologique, ni même une démonstration, mais simplement de dresser un certain nombre de constats et d’identifier des pistes pour en limiter les effets potentiellement indésirables. D’où notre emploi du conditionnel dans nos analyses. Et, soulignons-le, notre objectif n’est pas de jouer les Cassandre.
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