James Bond, OSS 117, Malotrus… Autant de héros ou d’anti-héros ne révélant qu’une part très limitée de la réalité du monde de l’espionnage. Ces personnages, issus de l’imagination de certains auteurs, restent loin des héros de l’ombre qui, dans le secret, travaillent par patriotisme et abnégation.
Les écrivains et les journalistes dans le monde de l’espionnage
Writers and Journalists in the World of Espionage
James Bond, OSS 117 and Malotrus count among those heroes or anti-heroes that reveal only one very limited aspect of the reality of the world of espionage. Such characters, formed in the imagination of a number of authors, are far from the heroes who remain in the shadows, working secretly and selflessly, driven by patriotism.
L’univers de l’espionnage n’a pas seulement besoin de spécialistes formés pour accomplir des missions clandestines. Pour obtenir des informations, il doit aussi faire appel à des sources diversifiées provenant de différents milieux dans la société. Parmi ces « correspondants » occasionnels, il y a notamment les hommes de lettres qui peuvent mettre leur talent d’observation du comportement humain ou d’une communauté au profit des organismes de renseignement. Par ailleurs, les sommités littéraires sont dotées d’un esprit créatif qui peut être utile pour réaliser des opérations délicates dans des activités controversées. Cette plus-value intéresse les services secrets.
Les écrivains espions
De tout temps, la nébuleuse du renseignement a eu recours à des auteurs renommés, experts dans les études de caractère et l’analyse des éléments d’ambiance d’une société. Sur ce sujet, l’Histoire nous rappelle que de grands écrivains ont été des agents de renseignement. Au XVIIIe siècle, Beaumarchais (1732-1799) a été affecté au cabinet noir de la monarchie, le « Secret du roi », l’outil occulte de la diplomatie souterraine du monarque. Dans ce cadre, la première action clandestine de l’auteur du Barbier de Séville fut d’empêcher la diffusion à Londres d’une brochure injurieuse sur la comtesse du Barry, maîtresse de Louis XV. Un an après la mort du souverain, le même type de mission sera confié à l’écrivain par Louis XVI pour arrêter la publication d’un autre pamphlet humiliant sur la stérilité du roi. Pour se procurer le brûlot offensant, l’agent secret du monarque poursuivra son rédacteur, un certain Angelucci, en Angleterre, aux Pays-Bas et finalement jusque dans les États allemands où il enlèvera le document insultant à l’encombrant plumitif. Le coup de maître de Beaumarchais réside cependant dans l’aide matérielle qu’il a apportée secrètement aux insurgés américains dans leur lutte pour l’indépendance des États-Unis. Par le truchement d’une société portugaise de négoce installée à Paris, il tentera de fournir des armes et des munitions aux indépendantistes en échange de riz et de tabac. Pour faire parvenir les marchandises aux combattants américains, sa société écran crée une flotte privée à partir des ports du Havre et de Nantes. Mais n’étant pas un armateur professionnel, son entreprise s’empêtrera dans des problèmes techniques. Au final, sur vingt-cinq bateaux affrétés pour cette mission clandestine de soutien logistique, un seul parviendra à destination. Quinze ans plus tard, celui que des chroniqueurs ont surnommé « l’aventurier du siècle des Lumières » sera envoyé en Hollande pour se procurer secrètement des armes. L’affaire tournera mal et l’écrivain espion s’exilera à Hambourg.
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