La France a su conserver – malgré les difficultés – une Base industrielle et technologique de défense (BITD) performante grâce à la volonté politique. Mais cette souveraineté est exigeante et fragile, notamment dans le numérique où l’Europe a pris beaucoup trop de retard. Un champ à reconquérir comme avec le quantique.
Le pari (trop ?) exigeant de la souveraineté
The (Excessively?) Demanding Stakes of Sovereignty
Despite many difficulties, France has been able through determined political will to maintain a successful DITB. Nevertheless, this sovereignty is demanding and fragile to maintain, especially in the digital field, in which Europe has dropped too far behind. It represents an area in which we need to catch up, as with quantum physics.
Dans un contexte géopolitique, politique et sociétal extrêmement évolutif, l’industrie de l’armement française semble de plus en plus vulnérable. Toutefois, la base industrielle et technologique de défense (BITD) reste encore très performante. Cela ne tient qu’à la volonté politique.
Souveraineté. Un concept longtemps polémique, mais redevenu très tendance ces deux dernières années alors qu’il avait été jusqu’ici balayé par la mondialisation et ses avantages, notamment en matière de coûts. Un concept qui a repris tout son sens avec la Covid-19, une crise sanitaire brutale où l’économie mondiale s’est très rapidement fermée. Ce qui a montré la vulnérabilité des chaînes d’approvisionnement des entreprises, qu’elles soient stratégiques ou pas. Ce qui a démontré in fine l’utilité de garder les plus stratégiques sur le sol national. L’histoire édifiante de la pénurie de masques a révélé, au début de la crise en mars 2020, à la France entière qu’il n’y avait plus ou très peu d’entreprises nationales qui fabriquaient ce type de protection vitale en période de pandémie. Car faute de commandes de l’État français, elles avaient arrêté les unes après les autres leur production. Résultat, le jour J, la France s’est retrouvée complètement dépendante des masques « Made in China ». Comme d’ailleurs la plupart des autres pays.
Pourtant, tous les clignotants étaient depuis longtemps dans le rouge. La souveraineté de la France était déjà bien grignotée, rongée, voire gangrenée par l’extraterritorialité du droit américain, l’omniprésence des GAFAM dans la vie économique mondiale, l’abandon de certaines filières, comme celle des composants électroniques, et le quasi-monopole de la Chine sur les métaux rares. Sans oublier l’espionnage économique à grande échelle des « alliés » de la France (réseau Échelon de la NSA) et l’imprudence de nombreuses entreprises qui ont beaucoup misé sur la mondialisation en vue d’améliorer leurs performances financières au détriment d’une certaine prudence. Le tout a progressivement miné les fondements même de la souveraineté de la France. D’autant que l’État a de son côté été extrêmement négligent : il n’a pas mis en œuvre, par manque de vision et d’anticipation, une stratégie et une cohérence d’ensemble pour s’assurer du maintien d’une réelle souveraineté industrielle. Ce qui n’est plus aujourd’hui tout à fait le cas après des décennies de laisser-faire. Il n’était que temps.
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