La France en 2050 sera encore une puissance qui compte, même si les modalités de son action auront évolué dans un contexte international complexe. Un des défis à relever sera celui de la démographie, atout pour certains pays et fragilité pour d’autres. La France devra ainsi préserver ses intérêts au-delà de l’hexagone.
La France en 2050
France in 2050
In 2050 France will remain a power to be taken seriously, even though its ways and means of action will have evolved in a complex international environment. One of the challenges to be faced will be that of demography—an advantage for some countries, a source of weakness for others. France will therefore have to maintain its interests beyond the homeland hexagon.
En 1990, il y a trente ans, qu’aurait-on dit de la situation française en 2020 ? Aurait-on parié sur la pérennité de l’Otan ? Sur l’importance économique et géopolitique de la Chine ? Sur la relativisation de l’influence américaine ? Sur la place prise par les différentes formes d’islamisme politique violent ? Au cours de la décennie 1990, deux théories se sont affrontées : celle de la fin de l’histoire et du succès du modèle libéral (F. Fukuyama) et celle du choc des civilisations (S. Huntington). Aucune ne décrit parfaitement ce qui s’est passé ni n’explique notre monde, trente ans après. Aussi, vouloir se projeter à l’horizon 2050 constitue-t-il une gageure qui tient plus de l’imagination romanesque que de l’analyse géopolitique. Que le lecteur d’aujourd’hui et surtout celui de 2050 pardonne donc ces lignes : elles sont par construction absurdes ! Mais l’exercice est ici considéré comme le moyen de poser des questions plus que d’affirmer des réponses (1).
Constantes
Il y aura une France dans trente ans
Ce thème suppose d’abord que la France existera dans trente ans. Nous le croyons sans difficulté. Aucun séparatisme sérieux n’existe en France métropolitaine et les risques de guerre civile annoncés par certains semblent tout à fait marginaux. Il est en revanche possible que certains des territoires ultramarins se soient éloignés de la métropole : Nouvelle-Calédonie ou Guyane viennent ici à l’esprit comme des possibilités de territoires qui auront déclaré leur indépendance. S’agissant du premier, le troisième référendum de décembre 2021 a décidé du maintien du territoire dans la République. La question demeure pendante à cause de la mauvaise foi des indépendantistes qui refusent le résultat sous des prétextes fallacieux. Cependant, la France conservera probablement une grande partie de ses outremers que ce soit dans les Antilles, l’océan Indien, le Pacifique ou les mers Australes.
Cela aura deux conséquences durables : d’une part, une présence mondiale évidente (elle sera l’un des rares pays au monde à pouvoir intervenir légitimement sur les trois océans) et donc une approche de puissance globale ; d’autre part, un intérêt marqué pour la dimension maritime, celle-là même qui ordonne ce XXIe siècle : la France conservera une des plus grandes Zones économiques exclusives (ZEE) de la planète. Aura-t-elle su fructifier ces atouts ? Développer ses outremers et trouver les moyens de tirer parti de cette ZEE ? Simultanément, aura-t-elle fait les efforts pour assurer la souveraineté française et la protection de ses intérêts ?
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