Les Anglais, puis les Américains, ont très vite compris que la guerre ne se limitait pas à un affrontement militaire. L’environnement du conflit peut être un terrain d’action avec des agissements auprès des opinions pour renforcer un modèle et un projet, ce qui est différent de la propagande conduite par les États totalitaires.
Le political warfare ou la guerre par le milieu social (GMS) (1/2)
Political Warfare, or Warfare Via the Social Environment(1/2)
The British, then the Americans, rapidly understood that war was not limited to military confrontation. The environment of a conflict can itself be a battlefield in which agitation and influencing of opinion is deployed to strengthen a model and a plan—something different from the propaganda conducted by totalitarian states.
Nous savons depuis Aristote que l’homme est un animal social et, pendant longtemps, l’objet de la guerre a été la paix selon les mots du philosophe. Seulement, à l’alternance classique entre la guerre et la paix, la scène internationale contemporaine a substitué « un continuum compétition-contestation-affrontement » (1), comme le dit le général Burkhard.
Ces trois dimensions de la guerre rendent obsolète la notion même de paix et favorisent le développement de nouvelles formes d’affrontement correspondant à chacune d’elles. La guerre par le feu correspond aux phases classiques d’affrontement, la contestation indirecte est le domaine des guerres hybrides tandis que la compétition se déroule selon les règles de ce que les Anglo-Saxons appellent le Political Warfare. La traduction française la plus juste dérive d’une expression du colonel Némo utilisée au milieu des années 1950 pour tirer les leçons de la guerre d’Indochine : « la guerre dans le milieu social » (2). Le milieu social est ici entendu dans son sens le plus extensif, c’est-à-dire comme l’ensemble des interactions humaines. Le Political Warfare peut ainsi être traduit en guerre par le milieu social (GMS). La GMS consiste essentiellement à modeler une société rivale en agissant sur ses structures sociales et cognitives.
La guerre par le milieu social a une longue histoire qui mêle guerre psychologique et intégration multidomaines stratégiques. Lancée par les Britanniques, elle a été formalisée et définie par l’Américain George F. Kennan en 1948. Washington en a ensuite fait une de ses pièces maîtresses lors de la guerre froide. Le contexte contemporain de compétition globale et d’affrontements couverts sous le seuil du feu donne un nouvel élan à la GMS.
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