L’espionnage économique est une pratique courante et commune pour certains pays d’Asie. Le Japon, après sa défaite de 1945, la Corée du Sud après l’affrontement contre Pyongyang et la Chine, à partir des années 1980, ont développé des réseaux très efficaces, utilisant de nombreuses ressources techniques et humaines.
Les Asiatiques dans l’espionnage économique
Far Eastern Involvement in Economic Espionage
Economic espionage a common and quite normal practice for some Asian countries. Japan, for example, following its defeat in 1945, South Korea after the confrontation with Pyongyang, and China since the 1980s all developed highly effective networks employing numerous technical and human resources.
La bataille des marchés a généré une véritable guerre économique. Dans ce conflit mondial, l’enjeu pour chaque nation est d’engranger des profits de plus en plus importants tout en créant des emplois et des revenus croissants au détriment des autres pays. Dans cet affrontement impitoyable, les États doivent faire preuve de créativité et disposer de moyens de renseignement performants, en particulier de services d’espionnage efficaces afin de se protéger des actions de malveillance fomentées par les groupes rivaux et connaître les projets imaginés par les concurrents pour éventuellement les copier. Cet espace conflictuel est particulièrement actif dans le continent asiatique. Au premier rang : le Japon, la Corée du Sud et la Chine.
Le rebond japonais
Ravagé après sa défaite dans la Seconde Guerre mondiale, le Japon a réussi l’exploit de redresser son économie dévastée et même d’en faire l’une des plus performantes au monde. Ce rebond spectaculaire n’est pas seulement le fruit de l’esprit créatif de ses ingénieurs, mais il est surtout la résultante d’un système très efficace ancré dans le mental du peuple japonais, qui consiste à s’approprier de façon subtile et discrète les savoirs et les secrets de fabrication de produits étrangers pour les imiter puis les confectionner dans les usines nippones. Dans le processus de recherche des informations relatives aux secteurs sensibles de l’industrie, il y a au départ le JETRO (Japanese External Trade Organization), l’organisation du commerce extérieur du Japon, une structure intégrée dans le MITI, le ministère du Commerce et de l’Industrie, dont la mission officielle est clairement définie : assurer la promotion du commerce extérieur, promouvoir les investissements étrangers dans le pays, encourager les échanges technologiques de l’Empire du Soleil levant avec le reste du monde. Pour ce faire, le JETRO entretient une centaine de bureaux à l’extérieur qui « travaillent » en relation étroite avec les compagnies de commerce Sogos Sachas. Par ce moyen, le JETRO se comporte comme un véritable service d’espionnage à l’échelle planétaire. Le gouvernement de Tokyo a lancé une campagne patriotique destinée à forcer l’accès à la connaissance de la technologie étrangère, en particulier dans les secteurs stratégiques (informatique, électronique). Le point d’orgue de cette initiative s’est traduit par la création, en 1962, de l’Institut pédagogique pour la protection de l’industrie. Cet établissement est en fait une authentique école d’espionnage industriel.
La population japonaise s’est totalement impliquée dans cette dynamique de collecte de l’information au service de la patrie à reconstruire. Un flot ininterrompu de touristes, d’étudiants et de stagiaires particulièrement studieux a ainsi parcouru les États-Unis, notamment la zone de la Silicon Valley où se trouve une pépinière de laboratoires de recherche dans l’informatique et d’autres domaines scientifiques. Ces « voyageurs » très attentifs et bien entraînés au recueil de renseignements ont glané de la sorte des bribes d’informations utiles. Cette mentalité « d’espion dans l’âme », inculquée aux citoyens japonais après la défaite humiliante de 1945, est prégnante encore aujourd’hui dans la vie courante : on peut acheter facilement dans l’archipel la panoplie de « l’espion Monsieur tout le monde ». Certains de ces accessoires se dissimulent dans des stylos, des livres, des lunettes, des cravates, des parapluies. L’un des objets les plus subtils ressemble à une prise de courant murale ordinaire qu’on peut brancher dans n’importe quelle entreprise et laisser pendant plusieurs années. Cet engouement des Japonais pour l’espionnage grand public a été dénoncé à plusieurs reprises par la CIA qui a tiré une sonnette d’alarme en déclarant que l’avenir économique des firmes électroniques américaines était mis en péril par les espions industriels nippons qui circulaient dans la Silicon Valley (1).
Il reste 73 % de l'article à lire
Plan de l'article