Kharkov 1942 – Le dernier désastre de l’Armée rouge
Kharkov 1942 – Le dernier désastre de l’Armée rouge
On ne présentera pas ici Jean Lopez, directeur de la rédaction de la revue Guerres et histoire, et certainement l’un des meilleurs spécialiste français de l’Armée rouge et de la Grande Guerre patriotiques de 1941-1945. Lopez est à l’origine chez Perrin d’une toute nouvelle collection d’histoire militaire, publiée en coédition avec le ministère des Armées, intitulée « Champs de bataille ». À tout seigneur, tout honneur, il lui revient d’ouvrir cette collection en signant ce premier volume consacré à la seconde bataille de Kharkov (12-28 mai 1942), beaucoup moins connue que la suivante (19 février-15 mars 1943) dont la notoriété est due essentiellement à la magistrale « contre-frappe » de Manstein qui a mis un terme, temporairement, à l’exploitation soviétique après la chute de Stalingrad.
Du point de vue tactique, cette seconde bataille de Kharkov est « un cas spectaculaire d’offensive qui tourne à la déconfiture complète de l’assaillant ». Du point de vue allemand, elle constitue en effet un cas unique de Kessel (« chaudron ») généré au cours d’une opération défensive, sans détenir l’initiative au départ. Avec 240 000 prisonniers, c’est le cinquième plus gros Kessel de la guerre à l’Est. C’est aussi le dernier.
Six armées soviétiques y ont pris part dans une tentative pour retarder l’offensive d’été allemande. L’opération fut malheureuse, c’est le moins que l’on puisse dire : « Le “sac opérationnel” pour reprendre l’expression du maréchal Chapochnikov, d’où se sont élancées les forces de Timochenko, s’est retourné sur elles comme un gant, les a emprisonnées, comprimées puis concassées jusqu’à complète annihilation. » « Staline voulait déranger la concentration allemande en lui enlevant Kharkov et conserver l’initiative des opérations. Il arrive au résultat inverse : le tiers méridional de son front s’écroule, la porte du Caucase s’entrouvre, l’initiative passe pour six mois dans l’autre camp. Jamais les Allemands ne seraient parvenus à ce résultat sans le désastre de Kharkov. » Les Allemands disposent désormais de bonnes bases de départ pour la campagne d’été dans le Sud et l’exécution du plan « Blau » dont la première phase se déclenche le 28 juin.
Jean Lopez analyse ici successivement les causes de la bataille, puis son phrasé chronologique, jour par jour, et enfin ses conséquences opérationnelles et stratégiques. Son travail s’appuie sur des sources d’état-major soviétiques inédites ainsi que sur les journaux de marche allemands, lesquels ont le mérite d’être extrêmement détaillés.
Ce livre bénéficie d’un magnifique cahier central de huit cartes en couleur dont il faut mentionner particulièrement la lisibilité et la clarté, ce qui est assez rare pour devoir être souligné. Ce cahier est complété par un marque-page qui reprend, d’un côté la chronologie de la bataille et de l’autre la légende des cartes avec notamment la signalétique des unités militaires, toujours intrigante pour les novices.
Nous attendons avec impatience les prochains volumes de la collection, annoncés pour cette année, qui seront consacrés respectivement aux batailles de Verdun (21 février-18 décembre 1916) et de Crécy (26 août 1346). ♦