La guerre actuelle souligne l’importance de la mer Noire, dont le contrôle est stratégique. La Russie y a des ambitions ouvertes, visant à isoler l’Ukraine. Toutefois, la Convention de Montreux de 1936 limite les potentialités de Moscou, tout en donnant à la Turquie un rôle non négligeable.
La mer Noire : espace stratégique
The Black Sea: a Strategic Space
The current war is highlighting the importance of the Black Sea, the control of which is strategic. Russia has its sights clearly set on this control, the aim being to isolate Ukraine. And yet the 1936 Montreux Convention limits Moscow’s potential and gives Turkey a far from negligible role.
L’attention internationale est concentrée sur la guerre terrestre et la tragédie vécue par le peuple ukrainien. Ne mésestimons pas l’importance de ce qui se passe sur la côte et en mer, notamment en mer Noire, espace stratégique mythique depuis l’Antiquité par l’accès qu’elle donne aux mers chaudes. Elle est également vitale pour les échanges commerciaux mondiaux, principalement pour les exportations d’hydrocarbures et de produits agricoles des pays riverains (70 % des exportations mondiales de céréales et 80 % des exportations de tournesol proviennent d’Ukraine et de Russie, sans compter les engrais). Les actions militaires ne sont qu’une partie d’une stratégie globale qui impacte la mondialisation, et dont les Forces armées russes à l’exception de la marine sortiront affaiblies.
Les Russes font du Clausewitz, continuant la politique par d’autres moyens, recommandons à leurs adversaires de faire du Castex, d’exploiter les gaffes du perturbateur. Après ce qui apparaissait comme une volonté d’envahir toute l’Ukraine, le perturbateur semble s’être réorienté vers la création d’une zone tampon, dont la bande côtière sur la mer Noire présente une importance particulièrement stratégique.
La conquête des espaces maritimes
La conquête de la Crimée en 2014 et la perspective du contrôle en 2022 sur l’ensemble des côtes et des eaux ukrainiennes, fut-il totalement illégal au regard du droit international, donneraient à la Fédération de Russie un vaste espace maritime au-delà de la mer d’Azov et allongerait sensiblement la ligne de partage des eaux avec la Turquie, l’autre acteur majeur dans cet ancien lac.
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