Le conflit russo-ukrainien est déjà très riche de leçons opérationnelles avec des échecs dans la mise en œuvre de l’échelon opératif pourtant au cœur de la doctrine russe, elle-même issue directement du modèle soviétique. D’où le besoin d’analyser les erreurs de Moscou pour nos propres forces.
Le conflit russo-ukrainien (I) : l’art opératif
The Russia-Ukraine Conflict (I): Operational Art
The conflict between Russia and Ukraine has already offered a considerable number of operational lessons, with failures in the deployment of the operational echelon, which is so important to Russian doctrine—itself a direct derivation from the Soviet model. For the benefit of our own forces, we need to analyse Moscow’s errors.
Au terme de plus d’un mois d’opérations sur le théâtre ukrainien, il est désormais possible d’en tirer quelques enseignements d’ordre très général qui devront bien évidemment être approfondis, affinés, voire corrigés en fonction de l’évolution de la situation et de son dénouement, le moment venu.
Sans craindre d’être démenti par une quelconque surprise, il peut néanmoins être affirmé que ce conflit a illustré la pertinence du concept d’art opératif, consubstantiel à la culture militaire russe, même si, comme on le verra, il a réussi à être mis en échec. Pour faire court, l’art opératif correspond à une manœuvre interarmées conçue, planifiée et conduite au niveau du théâtre et qui débouche sur des conséquences de nature stratégique.
Même si la tradition militaire russe a perduré indépendamment des vicissitudes des changements de régimes radicaux que le pays a pu connaître au cours du XXe siècle, il serait bien évidemment caricatural, voire provocateur, de vouloir décliner la pensée militaire de la Russie actuelle uniquement à partir de celle de l’époque soviétique. Il n’en demeure pas moins qu’il existe toujours au sein de l’armée russe une forte imprégnation de la culture militaire soviétique, celle qui a conceptualisé – et appliqué au cours de la « Grande Guerre patriotique » contre le IIIe Reich – l’art opératif et les actions dans la profondeur. C’est d’ailleurs en partant de celle-ci, que Guerassimov, qui occupe toujours les fonctions de chef d’état-major général, l’a renouvelée et adaptée par ses écrits en 2013 (1).
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