Depuis plus de trente ans et avec une intensité variable, la question des Balkans est restée d’actualité. En témoignent par exemple la récente tension survenue entre la Serbie et le Kosovo, le soutien serbe à la Russie malgré son agression militaire contre l’Ukraine, ou encore la problématique de la future intégration des pays de la région à l’Union européenne (UE). Dans ce contexte, les questions de défense et de sécurité liées aux Balkans s’imposent dans toute leur ampleur.

Situés à la charnière Sud-Est de l’espace géostratégique du continent européen, les Balkans occidentaux présentent de sérieux enjeux politiques, économiques et de sécurité. De nombreux pays comme la Turquie, la Russie, plusieurs pays du Moyen-Orient, ou encore la Chine, manifestent un intérêt et une présence croissante dans la région dont les implications touchent diverses politiques de l’UE, y compris dans le domaine de la défense.

Balkans occidentaux : concept, histoire et mythes

Héritage d’une histoire particulièrement agitée, le contexte régional balkanique se révèle d’une extrême complexité. Successivement envahis ou annexés par les Grecs, les Perses, les Romains, les Slaves, l’empire Byzantin, les Mongols, les Ottomans et finalement par l’empire austro-hongrois jusqu’à la Première Guerre mondiale, sans oublier les oppositions religieuses, les pays des Balkans constituent un ensemble d’une hétérogénéité culturelle et identitaire unique au monde. Cette division, en petites puissances rivales, a de plus été renforcée par le congrès de Berlin de 1878, au point que le morcellement des États a maintenant reçu le synonyme de « balkanisation ». Depuis la fin du XIX^e jusqu’aux guerres de la fin du XX^e siècle, les Balkans occidentaux reçurent un statut particulier sur la scène internationale, car non annexés par les pays occidentaux. Ainsi, dans ce moment historique où l’Occident dominait le monde, les pays des Balkans demeurèrent une zone de croisement des influences rivales et un terrain de jeu des uns et des autres. Cette situation perdure aujourd’hui encore avec quasiment les mêmes acteurs (Russie, Turquie, Europe qui peine à parler d’une seule voix, auxquels se sont joints les États-Unis et la Chine).