La radicalisation islamiste dans les Balkans occidentaux est une réalité issue de l’éclatement de l’ex-Yougoslavie. Cela a facilité le transit de terroristes venant du Moyen-Orient vers l’Europe. D’où le besoin pour l’UE d’être présente et de contribuer à lutter contre cette menace.
La lutte contre le terrorisme et la radicalisation dans les Balkans occidentaux
The Fight Against Terrorism and Radicalisation in the Western Balkans
The reality of Islamic radicalisation in the Western Balkans is the result of the break-up of Yugoslavia, which facilitated the transit of terrorists from the Middle East into Europe. Hence the need for the EU to maintain a presence and to contribute to fighting this threat.
« Hollande veut faire de la France un Kosovo islamique » (1) déclarait Philippe de Villiers, ancien candidat souverainiste à la présidentielle, dans un entretien à Valeurs actuelles en 2015. Largement médiatisé, ce dernier critiquait la politique favorable à l’accueil des migrants de François Hollande qui pourrait conduire selon lui, à une « islamisation de la France ». Une comparaison au territoire d’Europe du Sud révélatrice de l’épineuse question de la radicalisation dans les Balkans occidentaux que Charles Nonne, spécialiste de l’ex-Yougoslavie, perçoit comme une « menace pour la sécurité européenne » (2). En se concentrant sur le développement économique et social de la région, il considère que l’Union européenne (UE) a négligé les problématiques liées au renforcement de l’État de droit et aux enjeux sécuritaires, laissant la voie ouverte au développement de l’État islamique.
Alors que le président du Conseil des affaires intérieures de l’UE, Ales Hojs soutient le 1er décembre 2021, que « la région des Balkans occidentaux fait partie intégrante de l’Europe » (3), il devient primordial pour la stabilité de l’Union d’apporter des solutions à la menace terroriste. En conséquence, le Sommet « UE-Balkans occidentaux » de Brdo pri Kranju, qui s’est tenu quelques jours après, fait état de six priorités : la contribution aux missions et opérations de sécurité de l’UE, la lutte contre la désinformation, le terrorisme, le blanchiment d’argent, le renforcement de la cybersécurité et de la diplomatie. L’occasion de montrer ici comment la lutte contre le terrorisme et la radicalisation dans les Balkans occidentaux est une priorité pour la sécurité de l’UE et pourrait permettre, à terme, l’intégration des États de la région dans l’Union.
Les Balkans occidentaux : une société d’Islam sujette à une radicalisation depuis les années 1990
Depuis l’éclatement de l’ex-Yougoslavie, la « société d’islam » (4) des Balkans subit de multiples influences qui interrogent sur l’existence d’un « islam balkanique ». Après la fin du régime stalinien prônant une politique antireligieuse et la chute du régime communiste d’ex-Yougoslavie, les musulmans yougoslaves sont confrontés à la reconstruction de l’après-guerre et aux défis d’identités nationales et d’une population islamisée. En effet, alors que les « musulmans » sont reconnus comme une nation en Bosnie en 1969, la reconstruction étatique conduit à abandonner le terme pour « Bosniaques ». En Albanie, au Kosovo et en Macédoine le débat entre appartenance religieuse et identité nationale met en évidence l’équilibre difficile à trouver entre foi individuelle, culture commune et idéologie politique religieuse. Cet « islam » européen se confronte à des courants radicaux implantés par le contexte post-conflit : faiblesse gouvernementale, institutionnelle et situation sociale délétère.
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