Les premiers enseignements des opérations navales en mer Noire sont éclairants sur ce que pourraient être les conséquences d’un conflit ouvert dans la mer semi-fermée et étroite qu’est la Méditerranée. Malgré une supériorité écrasante de la marine russe, l’emploi d’armes de déni d’accès (A2/AD) qui ont permis la destruction du croiseur Moskwa et l’usage intensif de drones armés qui ont frappé le navire amphibie Orsk et au moins quatre patrouilleurs « Raptor », ont changé la donne. Ces armes ont rendu impossible toute opération amphibie et empêchent la marine russe d’opérer à proximité des côtes ukrainiennes. Les opérations en cours ont également été marquées par l’usage intensif de mines par les deux parties, l’Ukraine dans le but de prévenir un assaut amphibie sur Odessa et la Russie pour dissuader la navigation commerciale.

Un espace vital pour les intérêts français et européens

La Méditerranée est une zone d’importance stratégique pour la France et l’Europe. Elle est le flanc Sud de l’Union européenne et de l’Otan. Elle connaît un retour important de la présence navale russe.

Son principal atout est de permettre des transits rapides entre l’est et l’ouest du globe grâce au canal de Suez qui réduit de 6 000 km la distance entre Singapour et Rotterdam. Considérant l’importance du trafic maritime qui y circule – 25 % du commerce maritime mondial et 65 % des flux énergétiques vers l’Union européenne – cet atout est important sur le plan économique. Il l’est plus encore sur le plan militaire pour lequel le facteur rapidité est crucial. L’importance de la Méditerranée est alors majeure pour permettre la projection rapide vers l’océan Indien et l’Asie des navires de guerre pour réagir à la survenue d’une crise impactant les intérêts français.