L’amiral Dur est bien connu de beaucoup d’entre nous : francophile et francophone, il a été Attaché de défense à Paris et reste membre associé de notre Académie de marine.

Il publie aujourd’hui, en anglais, les mémoires d’une carrière de trente ans qui l’a conduit en divers lieux de pouvoir et d’influence – le Pentagone et la Maison-Blanche – et au commandement de bâtiments aux noms symboliques de l’amitié franco-américaine – USS Comte de Grasse, USS Yorktown – puis à celui de l’escadre des destroyers et croiseurs de l’Atlantique à Norfolk, et du groupe de déploiement du porte-avions Saratoga au sein de la VI^e flotte.

Le récit de cette impressionnante carrière donne des éclairages passionnants sur l’US Navy, et sur la façon dont, à la suite de l’amiral Mahan, elle conçoit son rôle dans le maintien de la suprématie mondiale de son pays : atteindre une supériorité maritime sur tout ennemi potentiel afin de pouvoir dominer sur mer (« Sea Control ») en cas d’ouverture des hostilités. L’amiral Dur décrit bien toutes les oppositions internes rencontrées par l’US Navy, et les actions qu’il a menées pour justifier cette stratégie et obtenir les flux budgétaires qu’elle nécessite.

Le lecteur sera plus encore intéressé par la relation des années passées dans le domaine des relations internationales avec les affectations de l’amiral Dur à la Maison-Blanche (1982-1984) et à l’ambassade des États-Unis à Paris (1989-1991). Lors de ces deux périodes, les forces armées françaises et américaines ont été engagées côte à côte sur des théâtres d’opérations extérieures : au Liban avec la Force multinationale de sécurité à Beyrouth et en Irak avec l’opération Desert Storm ; le lecteur français aura une relation éclairante de ces événements, souvent dramatiques, vus du côté américain.

Au total, le parcours passionnant d’un marin stratège et diplomate qui, dans les postes prestigieux qu’il aura occupés, a œuvré à l’amitié séculaire des États-Unis avec son plus ancien allié. ♦