Jusqu’à la fin de la guerre froide, la défense de la France a organisé le territoire. La loi du 16 mars 1882 a fondé durablement son fonctionnement avec sa dimension territoriale qui a été abandonnée, le contexte géopolitique éloignant la menace directe. Aujourd’hui, la question peut se reposer et oblige à repenser cette relation.
Défense et territoire
Defence and Territory
Up to the end of the Cold War, the defence of France directed the manner in which the territory was organised. The long-standing law of 16 March 1882 which established this territory-based organisation was abandoned once the geopolitical situation removed any direct threat. Today this matter might well be raised again and the link between defence and territory be reconsidered.
La France d’Ancien Régime fut modelée, en partie, par les armées : la construction des ports militaires et des arsenaux, depuis Brest, point d’appui de la flotte romaine de la Manche et de la mer du Nord, progressivement étendu au XIXe siècle et incluant la Recouvrance et le plateau des Capucins, sur la rive de la Penfeld, jusqu’à Toulon, l’arsenal du Mourillon et la base de Saint-Mandrier, en passant par Cherbourg et Rochefort, tous ces chantiers firent que la physionomie des littoraux océanique et méditerranéen est marquée par l’empreinte de nos armées, de terre et de mer.
Ainsi en va-t-il de nos provinces frontières, Metz en tout premier lieu, érigée en symbole depuis le siège de 1552, ordonné par Charles Quint et forteresse défendue victorieusement par François de Guise ; mais aussi Lille, Dunkerque, Besançon conservent le témoignage du « pré carré » de Vauban.
La Révolution et l’Empire portent la guerre en Europe, au-delà des « frontières naturelles » et, en dehors du fonctionnement de la conscription, la question de la relation de l’armée au territoire ne se pose plus vraiment jusqu’à la fin du Second Empire, dans une Europe apparemment pacifiée depuis le Congrès de Vienne.
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