La mobilité stratégique de nos forces armées est une condition essentielle pour le succès opérationnel. Or, ces capacités ont été réduites, fragilisant la cohérence de nos actions. Au regard du 24 février 2022 avec la guerre en Ukraine, il convient de revoir à la hausse nos moyens, en particulier pour les vecteurs aériens.
L’enjeu de la préservation de la mobilité stratégique des forces armées
The Challenge of Preserving the Armed Forces’ Strategic Mobility
The strategic mobility of our armed forces is an essential condition for operational success. The capability has nevertheless been reduced, with a deleterious effect on the coherence of our actions. In the light of 24 February 2022 and the war in Ukraine, it is timely to increase our assets—in particular, our airborne assets.
Dans un conflit, la maîtrise des flux, de toute nature, est une priorité. Les mouvements des troupes et la logistique conditionnent directement l’action des forces armées. Permettant l’application des principes de la guerre de Foch, ils représentent à ce titre un facteur de succès incontestable. Préserver la mobilité stratégique des forces armées est donc un enjeu capital pour d’une part, répondre à toutes les menaces et d’autre part, faire en sorte que la puissance militaire de la France ne soit pas une chimère, mais bien une réalité, surtout à l’heure où de nombreuses interrogations se posent sur sa capacité à être engagée massivement dans une guerre conventionnelle, hybride ou symétrique.
La guerre en Ukraine rappelle qu’il faut toujours être prêt. L’histoire montre que chaque fois que la France pensait l’être, en 1870 ou en 1940 notamment, elle a subi de sérieux revers. Or, Si vis pacem, para bellum (1). Seuls les moyens de sa politique lui permettront d’être prête. Au nom de l’illusion du principe kantien ou au choix, du profit des dividendes de la paix, les exercices budgétaires annuels et les recherches d’équilibre politique ont supplanté ces dernières années ce qu’il était pourtant convenable de mettre en place : des armées dotées de capacités robustes et massives. En d’autres termes, passer du juste besoin – qui s’approche en réalité davantage du juste possible – au besoin affirmé, c’est-à-dire tailler les armées pour faire LA guerre, au sens de l’engagement majeur, et non plus pour UNE guerre, apanage des corps expéditionnaires.
Compte tenu des enjeux que ce sujet présente, il s’agit au cours de cette étude de dresser un portrait analytique des capacités de transport stratégiques qui sont à la disposition des forces armées françaises. Sensibilisé ou interpellé, le lecteur pourra alors s’en faire une opinion. Par ailleurs, il est d’ores et déjà à préciser qu’en réalité, les acheminements stratégiques, c’est-à-dire entre la métropole et les théâtres d’opérations, sont bien souvent réalisés grâce à un mix des différents modes présentés. La meilleure option est définie en amont lors des travaux de planification. Bien qu’elle soit capitale, notamment avec la fonction « appui à la mobilité des blindés » (2) de l’Armée de terre, la voie routière sera volontairement écartée de cette analyse (3).
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