Le sabordage, le 27 novembre 1942, de la quasi-totalité de la Flotte à Toulon constitue une défaite morale au nom d’une conception de l’honneur touchant à l’aveuglement. La fidélité absolue au Maréchal Pétain priva la France combattante d’un outil parti en fumée.
Toulon, 27 novembre 1942. Le sabordage de la Flotte
Toulon: 27 November 1942. Scuttling the Fleet
The scuttling of almost the entire French fleet in Toulon on 27 November 1942 was a moral defeat in the name of a concept of honour bordering on blindness: absolute loyalty to Marshal Pétain deprived French forces of an asset that went up in smoke.
Toulon, le 27 novembre 1942 (1). Les bâtiments de la Flotte de haute mer et l’ensemble des navires de guerre présents dans le port ont mis bas les feux (2). Les permissions ont été rétablies sur les bords. Les officiers peuvent passer la nuit chez eux. Depuis quelques jours, Toulon est comme enveloppée dans le brouillard d’une curieuse atmosphère, dans un entre-deux insaisissable, dans une impression de fin qui s’annonce, qui a saisi la ville et le port. Isolée, parquée, cloîtrée dans le « camp retranché » de Toulon dans l’attente improbable d’y être réparée et reconstituée, sans beaucoup de moyens pour prendre la mer, la Flotte attend.
À quatre heures trente, des unités militaires de blindés et d’infanterie allemandes envahissent le port. Ils y entrent par des routes pas même surveillées : les autorités allemandes ont obtenu le départ des formations de l’Armée le 14 novembre et de celles de l’Aéronavale le 21. Toulon ! Le dernier territoire d’une souveraineté bien limitée de cette zone « non occupée » qui ne l’est plus depuis le 11 novembre. Le préfet maritime, le vice-amiral André Marquis, est fait prison nier (3). Son état-major parvient à prévenir l’amiral comte Jean de Laborde, commandant les Forces de haute mer, sur son navire-amiral, le croiseur de bataille Strasbourg. L’ordre de branle-bas général est donné.
À terre, les unités de la 7e Panzerdivision ont bien du mal à repérer leur chemin dans le labyrinthe de l’arsenal où ils ne parviennent que vers cinq heures et demie. Les appontements où se trouvent les navires de guerre français ne sont atteints que vers six heures. Au même moment, des éléments de la division Das Reich de la Waffen SS parviennent au Mourillon. La Luftwaffe est seule dans le ciel toulonnais.
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