Il y a juste 60 ans, la crise de Cuba posait la question de l’emploi de l’arme nucléaire et de la dissuasion. Le sang froid de J.F. Kennedy permit d’éviter l’escalade sans pour autant humilier l’URSS. À l’heure de la guerre en Ukraine, réétudier cet épisode de tension reste indispensable pour comprendre la grammaire nucléaire.
Cuba 1962, crise nucléaire
Cuba 1962: the Nuclear Crisis
Just 60 years ago the Cuban Missile Crisis raised questions of deterrence and the use of nuclear weapons. President JF Kennedy’s sangfroid prevented escalation yet avoided humiliating the USSR. With the war now being waged in Ukraine, it is essential to have a new look at that period of tension in order to understand nuclear language.
Depuis le 24 février 2022, jour de l’invasion de l’Ukraine par la Russie de Vladimir Poutine, on ne parle que de Cuba, en référence à la crise nucléaire qui se jouait entre Washington et Moscou il y a exactement soixante ans, en octobre et novembre 1962. Un petit point sur la question s’impose dès lors que la guerre en Ukraine met face à face les puissances nucléaires du Conseil de sécurité de l’ONU.
Dans ses mémoires publiées en 1971, Nikita Khrouchtchev assume : « L’essentiel pour moi, c’était cette idée que la présence de fusées soviétiques à Cuba dissuaderait les Américains de lancer une attaque à son encontre pour abattre Fidel Castro et son régime. En outre, tout en protégeant Cuba, nos fusées rétabliraient ce que les Occidentaux se plaisent à appeler l’équilibre des forces. Les Américains avaient entouré notre pays de bases militaires. […] Ils allaient savoir ce que l’on ressent quand on sait que des fusées ennemies sont pointées sur vous. Nous ne faisions jamais que leur rendre – en plus petit – la politesse ».
La manœuvre fait partie de la dialectique nucléaire, dès lors, il ne faut surtout pas dissimuler les mouvements des cargos vers Cuba avec leur cargaison de missiles bien visibles. On lira ici avec attention les ouvrages suivants : La Guerre froide 1943-1990 de Georges-Henri Soutou (Éditions Pluriel), Kremlin’s Nuclear Swords par Steven J. Zaloga pour les aspects technico-militaires et High Cold War de Robert Jackson, livre qui revient sur les vols de reconnaissance de l’US Air Force sur l’île de Cuba. Robert Kennedy a également livré son récit des événements dans son livre 13 jours. Une formule triviale dont Khrouchtchev a le secret et résume bien le coup : « mettre un hérisson » dans le pantalon de l’Oncle Sam.
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