La stratégie d’influence est désormais indispensable dans le cadre de la compétition internationale à laquelle la France est confrontée. D’où la montée en puissance des efforts que notre pays va engager pour renforcer ses fonctions et promouvoir son modèle fondé sur la démocratie, les libertés et le respect du droit international.
Quai d’Orsay et stratégie d’influence
The Quai d’Orsay and Strategy of Influence
A strategy of influence is now essential in the framework of the international competition confronting France today. Hence the greater effort our country is preparing to make in order to reinforce its functions and promote its model, one founded on democracy, freedom and respect of international law.
De façon inédite, la nouvelle Revue nationale stratégique (RNS) (1) a érigé l’influence au rang des « fonctions stratégiques » auxquelles contribuent les forces armées françaises, au même titre que la dissuasion, la protection, la connaissance et l’anticipation, l’intervention et, enfin, la prévention (2). Elle consacre ainsi le caractère stratégique de cet objectif, depuis longtemps résumé par des circonlocutions telles que « rayonnement », « attractivité » ou « Soft Power », mais réduisant souvent l’influence à la « puissance douce », par opposition à la puissance militaire. Elle prévoit la mise en place d’une stratégie nationale d’influence qui fixera le cadre général de l’action de l’ensemble des acteurs concernés et permettra d’orienter et d’articuler les stratégies sectorielles et/ou géographiques.
Les bouleversements géopolitiques des deux dernières années ont rappelé le caractère artificiel de cette distinction. La pandémie de Covid-19 a paradoxalement permis à la Chine, foyer du virus, de renforcer son influence à l’étranger à travers une diplomatie sanitaire particulièrement offensive assortie de prises de position plus agressives qu’elle réoriente désormais vers la protection de ce qu’elle définit comme ses « intérêts vitaux », et en particulier Taïwan. En miroir, dans le contexte de la guerre en Ukraine, la Russie cherche à mobiliser l’ensemble des leviers à sa disposition pour tenter d’orienter les opinions en sa faveur, exploitant certains ressentiments historiques ou alimentant des divergences idéologiques à l’encontre de ce qu’elle appelle « l’Occident global ».
Si la prise de conscience n’est pas récente, son officialisation par la RNS et la confirmation des nouveaux moyens qui y seront dévolus contribueront à renforcer notre capacité collective à mieux nous insérer dans la bataille de l’influence. Nous devrons sortir d’une logique purement défensive pour déployer des stratégies plus offensives, dans le plein respect des processus démocratiques et de nos engagements internationaux.
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