La Revue nationale stratégique propose un niveau d’ambitions bienvenu, avec en particulier la conceptualisation de la fonction « Influence ». Toutefois, en ne définissant pas concrètement les moyens, il faudra attendre la prochaine Loi de programmation militaire (LPM) pour fixer la hauteur des engagements français afin de répondre aux tumultes du monde.
La RNS : des ambitions bienvenues, des moyens à confirmer
The National Strategic Review: Welcome Ambitions but Undefined Means
The National strategic review offers a welcome level of ambition, and in particular promotes the concept of influence. That said, since the review defines neither means nor assets, we will have to await the next Military programming law to see the level of French commitment to responding to global tumult.
Pour éviter de préparer aujourd’hui la guerre d’hier, élaborer une politique de défense nationale est, par définition, une politique de temps long qui se projette dans le futur. Dans un monde caractérisé par les interdépendances accrues, il faut nécessairement penser « défense globale ». La défense n’est pas que militaire. Même de ce point de vue, la durée des programmes d’armement – le Porte-avions de nouvelle génération (PANG) naviguera jusqu’en 2080 – impose de regarder au-delà de l’horizon. L’adoption de la prochaine Loi de programmation militaire (LPM) prévue au printemps, supposait un travail d’analyse de l’état du monde en vertu du principe régulièrement et justement rappelé par le ministre des Armées « dis-moi quelle est ta menace, je te dirai quel devra être ton armée ».
La Revue nationale stratégique (1) s’inscrit dans cette démarche. On peut s’interroger sur la méthode. Alors que les relations internationales connaissent une rupture majeure avec le conflit en Ukraine et le retour de la guerre de haute intensité, devait-on se contenter d’une RNS concoctée par la Direction générale des relations internationales et de la stratégie (DGRIS) et le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), sans procéder à une réévaluation complète sur le modèle de l’Integrated Review britannique avec la participation des parlementaires, think-tanks et organes de recherche ? N’aurait-il pas été congru de sortir de la continuité des Revues stratégiques de 2017 et 2021 pour produire un nouveau Livre blanc – le dernier date de 2013 – qui se penche sur l’adéquation à long terme des ambitions aux moyens alloués ? Définir les ambitions sans poser la question des moyens laisse un sentiment d’inachevé qui rend l’exercice un peu vain.
Mais qu’importe ! La RNS est un exercice convenu qui emporte l’adhésion dans ses grandes lignes, mais comporte une ambiguïté majeure à lever, des lacunes à combler et deux innovations à saluer : la création d’une nouvelle fonction stratégique – l’influence – et d’un nouvel objectif stratégique – le soutien à notre « économie de guerre ».
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